Jean 3, 22-30

La théologie du témoignage de Jean

Cardinal Jean Daniélou

Jean-Baptiste témoin de l’agneau, p. 111s

 

L’Evangile de ce jour nous montre en Jean-Baaptiste un des témoins par excellence, un de ceux sur la parole desquels repose notre foi. Le domaine de la foi, celui de l’intervention de Dieu dans notre existence, est le geste du Fils de Dieu venant chercher l’homme pour le conduire au Père, domaine auquel aucune raison, ni expérience ne nous donnent accès: il est folie pour la sagesse des philosophes et scandale pour la justice des pharisiens. L’objet de la foi est invraisemblable. Il est normal que la raison en nous s’y refuse. Je dirais qu’il est bon que la raison en nous s’y refuse, car elle nous oblige à ne pas faire de notre foi une affaire de sentiment ou de tradition. Le fondement de notre foi existe ; il y a un roc inébranlable sur lequel elle repose, et ce roc est le témoignage, et en particulier lé témoignage de Jean le Baptiste.

Jean atteste ce qu’il a vu: Et moi, j’ai vu et j’ai rendu témoignage. C’est là, en effet, le propre du témoignage : il est attestation de la réalité d’un fait. Mais l’événement dont Jean est le témoin n’est pas seulement un fait matériel, c’est un événement de l’histoire du salut. Voir, ici, n’est pas seulement voir avec les yeux de la chair. Beaucoup ont vu et n’ont pas cru, et donc n’ont pas rendu témoignage. A Jean a été fait cette grâce d’être le premier à avoir vu Jésus c’est-à-dire à avoir reconnu en Lui, à travers les signes par lesquels elle était manifestée, la réalité divine de sa personne. Il est le témoin de la lumière, cette lumière qui n’est que l’irradiation visible de la gloire invisible de la divinité de Jésus.

Quand Jean voit Jésus qui vient vers lui, il le montre à ses disciples, et exprime son témoignage en disant : Voici l’Agneau de Dieu. Cette formule du Baptiste persistera à jamais comme le témoignage rendu à Jésus ; c’est celle par laquelle le prêtre, renouvelant le geste de Jean, désigne, à la foi des fidèles, Jésus, présent dans l’eucharistie.

Voici l’Agneau de Dieu. Ce mot, par lequel Jean a désigné Jésus, est resté pour les chrétiens l’expression privilégiée de ce qu’est, pour eux, réellement Jésus.