Genèse 41, 1-17a – 25-43

Pharaon et Joseph

Saint Jean Chrysostome

Homélie 63 sur la Genèse, OC 8, p. 245s

 

Remarquez la conduite du Seigneur : d’abord il suggère à Pharaon la pensée de mettre à l’épreuve tous ses prétendus sages ; l’ignorance de ces derniers mise au jour, c’est alors que ce captif, l’esclave hébreu, amené devant le monarque, doit révélé ces mystères cachés à tous les regards, et découvrir de la sorte aux Egyptiens la faveur dont il jouissait auprès de Dieu. Les sages étant donc venus et, dans leur impuissance, n’ayant même pas ouvert la bouche, le grand échanson se souvint du passé et raconta sa propre histoire à Pharaon : Je comprends aujourd’hui ma faute, lui dit-il, et, sur le champ, il lui exposa comment Joseph leur expliqua au grand panetier et à lui-même, les songes qu’ils avaient eus durant leur captivité, et comment sa prédiction s’était réalisée. Le roi envoya chercher Joseph ; on le fit sortir de la prison, on lui coupa les cheveux, on changea ses vêtements, et il comparut devant Pharaon.

Quel honneur, tout à coup, pour Joseph ! Après avoir été merveilleusement purifié par la patience, il sort de sa prison plus resplendissant que l’or pur, et il est conduit à Pharaon. Comprenez-vous maintenant l’ordre des desseins providentiels sur la destinée de Joseph ? Comprenez-vous ce qu’a de précieux, pour nous, la protection divine ? Lorsque le serviteur de Dieu eut triomphé des assauts de l’Egyptienne et évité les filets de cette femme impudique, voilà que, dans la prison où on le plonge, on jette également le grand échanson et le grand panetier de Pharaon, afin que l’interprétation de leurs songes fit connaître la sagesse du jeune Hébreu, et que, l’un de ces officiers se souvenant à propos de cette circonstance, Joseph comparût en présence du roi.

Pharaon allait ainsi concourir à l’accomplissement des songes qu’avait eus Joseph sous la tente paternelle : c’est ainsi que, Joseph expliquant les songes de Pharaon, Pharaon, à son insu, assurait la réalisation des songes de Joseph. En effet, il ne l’eut pas plutôt entendu que le roi dit à ses serviteurs : Où trouverons-nous un homme qui ait comme celui-ci en lui-même l’esprit de Dieu ?