Actes des Apôtres 9, 23-43

Paul à Jérusalem

Saint Jean Chrysostome

Homélie XXI sur les Actes des Apôtres, OC 15, p. 40s


Paul essayait de s’agréger aux disciples, mais tous avaient peur de lui, n’arrivant pas à le croire vraiment disciple. Ici brille à nouveau la ferveur de son zèle, non seulement par le témoignage qu’aurait pu lui rendre Ananie et ceux qui l’admiraient à Damas, mais encore par sa conduite à Jérusalem. Cela dépassait toute attente humaine. Par modestie, il n’aborde pas les apôtres, il veut se confondre avec les disciples. Seulement on n’ose pas se confier à lui. Barnabé le prit alors avec lui, l’introduisit auprès des apôtres, et il leur raconta comment, sur la route, il avait vu le Seigneur. Ce Barnabé était un homme plein de sagesse et de mansuétude. Son nom signifie Enfant de la consolation ; il fut donc l’ami de Paul. Sa douceur et son aménité ressortent de sa démarche présente et de ce qui se passa avec Jean-Marc. Il ne cède pas à la crainte, il raconte comment Paul a vu le Seigneur dans le chemin, il déclare que le Sauveur lui a parlé, il dit avec quelle liberté de langage le nouveau disciple proclamait à Damas le nom du Seigneur Jésus. C’est probablement à Damas même que Barnabé connut Paul. Une chose prépare l’autre, les œuvres confirment ces attestations. Dès lors, Paul allait et venait avec les disciples dans Jérusalem, et s’exprimait avec assurance au nom du Seigneur. Les disciples le craignaient et les apôtres ne voulaient pas se fier à lui. Paul s’entretenait avec les Hellénistes et réfutaient les idées grecques. C’était sage à lui, car les autres Hébreux ne consentaient même pas à venir le voir, et certains d’entre eux cherchaient à le faire mourir. C’était là le signe d’une éclatante et décisive victoire, c’est aussi la preuve de la peur qu’ils en éprouvaient. Les frères, l’ayant appris, le conduisirent à Césarée. C’est la prudence qui les fait agir de la sorte : ils craignent avec raison qu’on ne lui fasse subir le sort d’Etienne.  Puis ils l’envoyèrent à Tarse. Tout en obéissant aux conseils de la crainte, ils ne négligent pas les intérêts de la prédication pensant que Paul trouvera la sécurité dans sa patrie. Remarquez encore une fois que tout n’est pas l’œuvre de la grâce et que Dieu fait une large part à la sagesse et à l’activité des hommes. S’il en est ainsi de Paul, beaucoup plus en sera-t-il des autres. Dieu permet donc que les faibles n’aient plus aucun prétexte. L’Eglise sur toute l’étendue de la Jude, de la Galilée et de la Samarie vivait en paix, elle s’édifiait et marchait dans la crainte du Seigneur, et, grâce à l’appui de l’Esprit-Saint, elle s’accroissait.