Actes des Apôtres  10, 1-33

Dieu et l’homme

Père Divo Barsotti 

Les Actes des Apôtres, p. 243s 

Le texte que nous venons d’entendre est important par une certaine vision spirituelle de la vie qui, aujourd’hui, est mise en question : non pas tant qu’on ne veut pas croire aux anges, mais parce que le propre de l’homme moderne est d’insister excessivement et exclusivement sur l’autonomie de l’homme confronté à la réalité divine. Or, l’originalité de l’homme n’est jamais absolue : l’homme se réalise comme un être libre dans la mesure même où il réalise aussi un plan divin. C’est continuellement que les deux mondes se rencontrent et se recoupent, et l’un agit sur l’autre : la prière d’ici-bas agit en Dieu, mais Dieu lui aussi agit dans la vie de l’homme. Moyennant la prière, nous œuvrons, réellement, dans un monde qui est au-dessus du nôtre. L’homme agit sur Dieu. Le Livre des Actes note expressément que Pierre était monté sur la terrasse pour prier, et la prière obtient plus que Pierre lui-même ne songeait à demander : elle obtient l’accomplissement de la volonté du Christ, qui maintenant délivre l’Eglise des étroitesses du nationalisme juif.

La vision s’oppose à une certaine conception de l’homme moderne, qui ne nie pas Dieu, mais le renvoie à l’au-delà, alors qu’en ce monde même Dieu opère. Les anges apparaissent à Corneille et lui disent ce qu’il doit faire. Il ne connaît pas Simon-Pierre, il ne sait pas que celui-ci doit le baptiser : il obéit à un commandement qui vient d’en-haut, il va vers un but qu’il ignore, il obéit à une volonté qui le dépasse. C’est cela la vie d’un homme qui veut avoir un rapport avec Dieu. Nous marchons, sans savoir où le chemin nous porte, nous obéissons à la volonté d’un Autre, nous réalisons un dessein que nous ne connaissons pas. Jamais peut-être plus qu’en ce texte n’apparaît l’interférence entre le monde divin et le monde humain. La vision est symbolique, elle répondait certainement au désir de Pierre ; c’est souvent ainsi que parle le Seigneur. Les visions se ressentent certainement de l’ambiance dans laquelle nous vivons, de l’éducation que nous avons reçue, mais, pour autant, elles ne sont pas moins authentiques, ni moins vraies. Nous sommes guidés par Dieu, et notre vie est pleine de Dieu ; mais Dieu se cache pour nous sous des signes. La prière de Corneille et la prière de Pierre agissent sur Dieu. Les deux mondes se rencontrent, agissent l’un sur l’autre. Dans la pauvre vie de tout homme, il y a, bien présent, le ciel, les Anges et Dieu.