Actes des Apôtres 27, 21-44

« Marchez sous l’impulsion de l’Esprit »

Saint Augustin

Sermon 163, 5-7, OC 17, p. 527s 

 

Frères, marchez sous l’impulsion de l’Esprit, c’est cela la construction nouvelle ; vous n’accomplirez pas alors ce que la chair désire, l’ancienne construction sera ainsi détruite. Car la chair, en ses désirs, s’oppose à l’Esprit et l’Esprit à la chair. Entre eux, c’est l’antagonisme : aussi ne faites-vous pas ce que vous voulez. Nous en sommes toujours à bâtir ! Ce n’est pas encore le temps de la dédicace.

Vous ne faites pas ce que vous voulez, dit l’apôtre. Et que voudriez-vous ? Qu’il n’y ait en vous ni désir, ni jouissance de choses mauvaises. Tous les saints n’expriment-ils pas ce désir ? Inutilement, hélas ! Tant que nous vivons, ce désir ne sera pas exaucé, car la chair, en ses désirs, s’oppose à l’Esprit et l’Esprit à la chair ; entre eux, c’est l’antagonisme ; aussi ne faites-vous pas ce que vous voulez, c’est-à-dire réussir à ce qu’il n’y ait plus en vous aucun désir mauvais.

Que faire alors ? Marchez sous l’impulsion de l’Esprit, nous conseille l’apôtre, et puisqu’il est impossible de détruire en vous ce qui est mauvais, ne faites pas ce que l’égoïsme vous dicte. Toutes sortes de mauvaises orientations, vous souhaitez les détruire, les arracher, les extirper radicalement de votre cœur. Tant qu’elles existent, vous éprouvez dans vos membres une autre loi qui combat la loi de votre esprit. Vous aimeriez en être libérés, mais, malheureusement, elles existent. Ne leur permettez pas de faire ce qu’elles veulent, de porter en vous leurs fruits.

Marchez sous l’impulsion de l’Esprit. Foi, espérance, amour nous conduirons jusqu’à la dédicace de ce temple qui se construit dès à présent. Le dernier ennemi qui sera détruit, c’est la mort, lorsque cet être incorruptible revêtira l’incorruptibilité, cet être mortel l’immortalité. Voilà un chant de triomphe ! Mais écoutez le chant des combattants : Pitié, Seigneur, je dépéris. Guéris-moi, Seigneur, car je tremble ; de toute mon âme, je tremble. Et toi, Seigneur, que fais-tu ? Combien de temps encore ? Jusqu’à ce que tu reconnaisses que de moi seul vient le secours. Si je me hâtais tout de suite à ton secours, tu ne sentirais pas la peine. Faute d’éprouver la fatigue du combat, tu présumerais de tes forces. Il est écrit : Pendant que tu appelles, déjà le Seigneur dit : Me voici. Dieu est proche, alors même que tarde ta réponse. C’est en tardant qu’il nous aide. Réfléchis aux paroles  qu’entendit Paul : Ma grâce te suffit, ma puissance donne toute sa mesure dans la faiblesse.