Philippiens 1,27 – 2,11

Le Christ, Serviteur de Dieu

Benoît XVI

Audience générale du 1er juin 2005, DC n° 2339, p. 649

 

L’hymne que nous venons d’entendre, nous ne parlerons que de la première partie (versets 6-8), où l’on dépeint le dépouillement paradoxal du Verbe divin, qui dépose sa gloire et assume la condition humaine.

Le Christ incarné et humilié par la mort la plus infâme, celle de la crucifixion, est proposé comme un modèle vital pour le chrétien. En effet, celui-ci doit avoir les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus, sentiments d’humilité et le don de soi-même, de détachement et de générosité.

Certes le Christ possède la nature divine avec toutes ses prérogatives. Mais cette réalité transcendante n’est pas interprétée et vécue à l’enseigne du pouvoir, de la grandeur, de la domination. Le Christ ne se sert pas de son être semblable à Dieu, de sa dignité glorieuse et de sa puissance comme d’un instrument de triomphe, signe de distance, expression d’une écrasante suprématie. Au contraire, il s’est dépouillé, s’est vidé de lui-même, se plongeant sans réserves dans la misère et la faible condition humaine. La forme divine, se cache dans le Christ sous la forme humaine, c’est-à-dire sous notre réalité marquée par la souffrance, la pauvreté, les limitations et la mort.

il ne s’agit donc pas d’un simple revêtement, d’une apparence changeante, comme on considérait que cela se produisait pour les divinités de la culture gréco-romaine. La réalité du Christ est la réalité divine dans une expérience authentiquement humaine. Il est vraiment le Dieu-avec-nous  qui ne se contente pas de regarder d’un œil bienveillant depuis le trône de sa gloire, mais qui se plonge personnellement dans l’histoire humaine, devenant chair, c’est-à-dire réalité fragile, conditionnée par le temps et l’espace. 

Ce partage radical de la condition humaine, à l’exclusion du péché, conduit Jésus jusqu’à cette frontière qui est le signe de notre finitude et de notre caducité, la mort. Celle-ci n’est cependant pas le fruit d’un mécanisme obscur ou d’une fatalité aveugle : elle naît du choix de l’obéissance au dessein de Dieu. L’apôtre ajoute que la mort vers laquelle marche Jésus est celle de la croix, c’est-à-dire la plus dégradante, voulant ainsi être vraiment le frère de tout homme et de toute femme contraints à une fin atroce et ignominieuse.

Mais c’est justement dans sa Passion et sa mort que le Christ témoigne de son adhésion libre et consciente à la volonté de son Père, comme on le lit dans la lettre aux Hébreux : Bien qu’il soit le Fils, il a pourtant appris l’obéissance par les souffrances de sa Passion.