Proverbes 25, 1-28

La gloire de Dieu : cacher des choses !

André Lelièvre et Alphonse Maillot

Commentaire des Proverbes, tome II, p. 206s

 

La gloire de Dieu, c’est de cacher les choses ! On pourrait ajouter ce qui est probablement sous-entendu : et la gloire des scribes et des exégètes est de scruter les proverbes sur la gloire de Dieu et sur celle des rois ! En effet, ce proverbe n’est pas d’une évidence totale même si cela fait partie de son charme. Cependant, il se comprend bien si nous sommes à haute époque, où le roi est considéré comme sage : témoin en est Salomon.

Nous aurions alors deux temps de la sagesse. Tout d’abord la sagesse réelle, mais secrète, que Dieu a imprimée dans le monde et dans les faits qui s’y déroulent. Car Dieu n’est pas seulement créateur, mais… cachotier. Certes, il ne s’agit pas encore de la grande intuition du Dieu caché en Ezéchiel ; cependant, c’est déjà la découverte que Dieu lui-même n’est pas d’une évidence aveuglante aux hommes, et que toutes ses œuvres comportent au moins une part de mystère.

Il semble plus que probable, chez Isaïe du moins, que les choses que Dieu a cachées ne sont pas tant celles de la nature que celles de la politique intérieure et extérieure. De plus ici, dans ce petit chef-d’œuvre, la chose cachée pourrait aussi être la parole qu’il faut savoir trouver et bien dire au bon moment. Voir alors Salomon lors de son fameux jugement-test de sa sagesse, ou lors de sa rencontre avec la reine de Saba quand Salomon sait répondre à toutes les énigmes posées. 

Cependant, si cette gloire est secrète, elle n’est pas inaccessible, puisque ensuite le roi qui s’en donne la peine peut la découvrir, et bien entendu la pratiquer. Ainsi sont sauvegardées, et la transcendance divine, et la possibilité pour les hommes, malgré ce Dieu caché, de ne pas errer complètement.

On n’oubliera pas qu’alors les rois, pour découvrir comment se tenir le plus près possible du fil de l’histoire, devaient interroger les augures… même en Israël ( Urim et Tummim). 

Mais de toutes manières, le bon roi ici est celui qui, plutôt que d’interroger un foie ou des entrailles, réfléchira, scrutera les événements avant de prendre une décision conforme au vent de l’histoire. Il se pourrait que le sage envoie ici un coup de patte aux prêtres !