Tite 3, 5-15

Fuir les vaines recherches

Père Pierre Dornier

Les épitres pastorales, p. 156s

 

L’exposé du dessein de salut, tel qu’il a été conçu par Dieu, rappelle par contraste les spéculations oiseuses que Paul a déjà eu plusieurs fois l’occasion de stigmatiser. Les termes qui servent à les décrire ici ne sont pas tellement nouveaux. Ce sont de folles recherches, c’est-à-dire des spéculations dénuées de bon sens, probablement à propos de textes de l’Ancien Testament, comme la suite semble l’indiquer. Ce sont des généalogies, des fables juives précise Tite. Les disputes sont le résultat fatal de telles spéculations. Paul a la hantise des discussions partisanes qui risquent de ruiner l’unité des communautés. Qu’on évite les polémiques au sujet de la Loi ; le mot traduit par polémiques, assez rare dans le Nouveau Testament, signifie combat, lutte au sens militaire ou sportif de ces termes, mais aussi bataille de mots, polémique verbale ; c’est ce dernier sens qui convient ici, le mot étant pareillement associé à la mention de folles recherches. La Loi dont il est question ici est sans nul doute la Loi mosaïque où étaient critiqués ceux qui se voulaient docteurs de la Loi. Les faux docteurs prétendent expliquer ou commander telle attitude morale ou telle option à l’égard des choses, des hommes ou de la société à partir de la loi prise comme point de départ et critère de la conduite alors qu’il vient d’être affirmé qu’ils ne se trouvent que dans la grâce, salvatrice et créatrice de l’homme nouveau.


Tite ne perdra pas son temps en de pareilles divagations. Qu’il les évite ; elles sont inutiles, à la différence des bonnes œuvres qui, elles, sont utiles. C’est exactement ce que dira saint Ignace d’Antioche dans sa lettre aux Magnésiens : Ne vous laissez séduire par des doctrines étrangères, ni par des fables surannées qui ne servent à rien. Car vivre encore aujourd’hui selon le judaïsme, c’est avouer que nous n’avons pas reçu la grâce.