Baruch 1,14-2,5 + 3,1-8

Le pape Corneille

Saint Cyprien de Carthage

Correspondance, Lettre à son frère Antonianus , VIII, 1, p. 135s

J’en arrive maintenant à la personne de Corneille, notre collègue. Je veux, qu’avec nous, vous connaissiez Corneille, non pas d’après les mensonges de détracteurs malveillants, mais d’après le jugement de Dieu qui l’a fait évêque, et d’après le témoignage de ses collègues dans l’épiscopat, qui, dans le monde entier, ont ratifié son élection d’un accord unanime. Voilà qui donne, à notre cher Corneille, aux yeux de Dieu, du Christ, de l’Eglise, de ses collègues, une recommandation si glorieuse ; ce n’est pas lui qui est arrivé tout d’un coup à l’épiscopat. Il a passé par tous les offices ecclésiastiques, servi plusieurs fois le Seigneur dans les divers emplois religieux, et n’est monté qu’en franchissant tous les degrés successifs jusqu’au faîte sublime du sacerdoce. Quant à l’épiscopat lui-même, il ne l’a, ni sollicité, ni voulu ; il ne l’a pas envahi comme tel qu’enflent les fumées de l’orgueil, mais tranquille d’ailleurs et modeste : tels sont d’ordinaire ceux qui sont choisis par Dieu pour cette dignité, fidèle à leur réserve, à la discrétion d’une humilité qui leur est naturelle et qu’ils ont entretenue. Lui n’a point fait violence à personne, il a plutôt souffert violence et n’a accepté l’épiscopat que contraint et forcé. 

Il a été élu évêque par un grand nombre de nos collègues qui étaient alors dans la ville de Rome, et qui nous ont envoyé, au sujet de son ordination, des lettres qui sont à son honneur, lettres qui font son éloge, et même lui rendent un témoignage glorieux. Corneille a été élu évêque, après le décès du pape Fabianus, le siège de Pierre étant vacant, par le jugement de Dieu et de son Christ, par le témoignage favorable de la presque unanimité des clercs, par l’accord des fidèles présents, par la communauté des évêques vénérables et des gens de bien. 

Ce siège étant occupé et son occupation appuyée par la volonté de Dieu et de notre accord à tous, il est inévitable que qui voudrait être élu soit hors de l’Eglise et n’ait point l’ordination ecclésiastique, puisqu’il n’est plus dans le sein de l’unité.