Luc 1, 26-38

« L’ange Gabriel fut envoyé à la Vierge »

Saint Bernard

A la louange de la Vierge Marie, SC 390, Homélie II, 2-3, p. 131s

 

          Pour que, celle qui devait concevoir et enfanter le Saint des saints, soit sainte de corps, elle reçut le don de la virginité ; et pour qu’elle soit également sainte d’esprit, elle reçut le don de l’humilité. Ainsi, Marie, la Vierge royale, parée des joyaux de ces vertus, éblouissante de la double splendeur du corps et de l’esprit, remarquée aux cieux pour sa grâce et sa beauté, attire sur elle les regards des citoyens du ciel au point d’incliner le cœur du Roi et de faire venir de là-haut jusqu’à elle un céleste messager. C’est ce que nous raconte l’évangéliste quand il atteste que l’ange fut dépêché par Dieu à la Vierge. Il dit par Dieu à la Vierge ; cela signifie : par le Très-Haut à la toute humble, par le Seigneur à la servante, par le Créateur à la créature. Quelle prévenance de la part de Dieu ! Voici que Dieu s’adresse à la Vierge, voici que l’ange s’entretient avec elle.

          Adam, notre père, réjouis-toi, sois dans l’allégresse. Et plus encore toi, Eve, notre mère. Oui, consolez-vous tous les deux à cause de votre fille, et quelle fille ! Toi surtout, par qui le mal est venu en premier, toi dont la honte a rejailli sur toutes les femmes. Car voici le temps venu où ta honte va être abolie, où l’homme n’aura plus rien à alléguer contre la femme, qui, en s’efforçant follement de s’excuser, n’a pas hésité à l’accuser cruellement en disant : La femme que tu m’as donnée m’a offert du fruit de l’arbre, et j’en ai mangé. Change donc les mots de ta méchante excuse en paroles d’action de grâces, et dis : Seigneur, la femme que tu m’as donnée m’a offert le Fruit de Vie, et j’en ai mangé. Il est devenu plus doux que le miel à ma bouche, parce qu’en lui, tu m’as rendu la Vie. Voilà pourquoi l’ange a été envoyé à la Vierge.

          Ô Vierge admirable, infiniment digne de tout honneur. Ô la Femme admirable qu’il faut révérer singulièrement, admirer plus que toutes les femmes : elle a réparé le mal de ses premiers parents, elle a donné la vie à leurs descendants.