Michée 7, 7-13

Châtiment et miséricorde

Cardinal John-Henry Newman

Sermons paroissiaux, tome 4 : le paradoxe chrétien, p. 103s

 

                Ne te réjouis pas à mon sujet, ô mon ennemie : si je suis tombée, je me relèverai ; si je demeure dans les ténèbres, le Seigneur est ma lumière. Je dois porter la colère du Seigneur puisque j’ai péché contre lui.

                    Frères, nous sommes arrachés au péché, et pas seulement pardonnés tout en y demeurant. Prenons quelques exemples, l’explication que donne saint Pierre de notre élection dans le Christ : Lui qui, sur le bois de la croix, a porté lui-même nos fautes dans son corps, afin que, morts à nos péchés, nous vivions pour la justice, lui dont la meurtrissure nous a guéris. Car nous étions égarés comme des brebis, mais à présent nous sommes retournés vers le pasteur et le gardien de nos âmes. Pour saint Paul, le Christ s’est livré pour nous afin de nous racheter de toute iniquité et de purifier un peuple qui lui appartienne en propre, zélé pour le bien.

               Vous constatez que l’apôtre Paul n’a qu’une seule grande idée, c’est que l’état de salut n’est pas celui d’un pécheur qui a été pardonné, mais d’un saint. Pourtant actuellement les gens considèrent souvent qu’un chrétien atteint le plus haut niveau d’excellence quand il s’écrie : Oh ! Misérable que je suis ! Saint Paul dit encore : Combien plus le sang du Christ qui, par un Esprit éternel, s’est offert lui-même sans tache à Dieu, purifiera-t-il notre conscience des œuvres mortes pour que nous rendions un culte au Dieu vivant ! Il parle aussi dans une autre de ses lettres du pardon comme étant le pardon, la rédemption par excellence, comme s’il n’y avait qu’un seul grand pardon : En lui, nous trouvons la rédemption, par son sang, la rémission des fautes. Et il dit juste avant : qu’il nous a élus pour être saints et immaculés en sa présence, dans l’amour. Et nous lisons dans un autre chapitre : Le Christ a aimé l’Eglise : il s’est livré pour elle afin de la sanctifier en la purifiant par le bain d’eau qu’une parole accompagne. Ensuite seulement vient le pardon ; pourquoi donc en est-il ainsi ? L’apôtre continue : car il voulait se la présenter à lui-même toute resplendissante, sans tache ni ride ni rien de tel, mais sainte et immaculée.