1 Corinthiens 10,14 – 11,1

La manne

Saint Grégoire de Nysse

La vie de Moïse, SC 1bis, p. 191s

 

          Alors qu’aucune nourriture étrangère ne leur reste des provisions emportées d’Egypte, une nourriture leur vient du ciel à la fois variée et uniforme. Son apparence en effet est uniforme, mais ses qualités sont diverses se proportionnant pour chacun à la nature de son désir.

 

          Qu’apprenons-nous par là ? Par quelles purifications on doit se purifier de la vie égyptienne et étrangère, en sorte de vider le sac de l’âme de tout aliment impur, préparé par les Egyptiens, et de recevoir ainsi en soi, avec une âme pure, la nourriture  qui descend du ciel, non semailles que le labourage a fait lever, mais pain tout préparé sans semailles et sans  labour, qui descend d’en-haut et se trouve sur la terre.

 

          Tu comprends quelle est la nourriture véritable dont cet épisode est la figure. Ce pain descendu du ciel n’est pas quelque chose d’incorporel : comment en effet ce qui est incorporel deviendrait-il nourriture pour notre corps ? Or ce qui n’est pas incorporel est nécessairement corps. Mais le corps de ce pain, ce ne sont ni les semailles, ni les labours qui l’ont produit, mais la terre demeurant sans changement s’est trouvée couverte de cette divine nourriture à laquelle ceux qui ont faim communient : c’est le mystère de la Vierge qui nous est enseigné à l’avance par ce miracle.

 

          Ce pain, qui n’est pas le produit de la terre, est aussi parole. Il adapte sa vertu aux dispositions de ceux qui le reçoivent grâce à la diversité de ses qualités. Il sait, en effet, non seulement être pain, mais aussi devenir lait, viande, légumes, et tout ce qui peut le mieux s’adapter et convenir au goût de ceux qui le reçoivent. C’est ce que nous enseigne Paul, le divin apôtre, qui dispose pour nous un tel repas, faisant sa parole viande solide pour les parfaits, légumes pour les plus faibles, lait pour les petits enfants.