Deutéronome 10,12 – 11,7+26-28

La bénédiction de Dieu

Saint Augustin

Sermon sur le psaume 66, 1, tome I, p. 1211s

 

            Ô mon âme, bénis le Seigneur. De même que, dans plusieurs psaumes, nous avons engagé notre âme à bénir le Seigneur, de même en celui-ci nous devons dire : Que Dieu nous prenne en pitié et qu’il nous bénisse. Que notre âme bénisse le Seigneur et que le Seigneur nous bénisse. Que nous bénissions le Seigneur, nous grandissons ; qu’il nous bénisse, nous grandissons encore : l’un et l’autre nous sont utiles. Nos bénédictions n’ajoutent rien à sa majesté, nos malédictions n’y dérogent en rien. Maudire le Seigneur, c’est se ravaler soi-même ; le bénir, c’est s’élever soi-même. C’est le Seigneur qui nous bénit le premier, il est juste que nous le bénissions ensuite. L’une de ces bénédictions est la pluie, l’autre la récolte. Elle est donc dévolue à Dieu, qui nous donne la rosée et la culture, comme la récolte au laboureur. Ainsi nous chantons ses louanges, non point d’une voix sans portée, mais dans la sincérité du cœur. Dieu est en effet appelé cultivateur. L’apôtre dit : Vous êtes le chant que Dieu cultive, l’édifice qu’il bâtit. Dans les choses visibles de ce monde, la vigne n’est pas un édifice, ni l’édifice une vigne ; quant à nous, nous sommes la vigne du Seigneur, parce qu’il nous cultive pour nous faire produire ; nous sommes l’édifice de Dieu, parce qu’en nous cultivant, il habite en nous. Que dit en effet le même apôtre ? J’ai planté, Apollos a arrosé, Dieu a donné l’accroissement. Donc celui qui plante n’est rien, non plus que celui qui arrose, mais Dieu, lui, donne l’accroissement. C’est donc lui qui fait croître.

 

            Mais les autres sont-ils les agriculteurs ? Car on appelle agriculteur celui qui plante, celui qui arrose ; or, l’apôtre a dit : J’ai planté, Apollos a arrosé. Demandons comment l’apôtre l’a fait, il répond : Non pas moi, mais la grâce de Dieu avec moi. Quelque part que tu ailles, soit du côté des anges, c’est Dieu qui te cultive ; soit du côté des apôtres, je vois encore que c’est lui qui te cultive.

 

            Mais nous, que sommes-nous donc ? Peut-être les ouvriers de ce cultivateur, et cela par les forces qu’il nous a départies, par la grâce dont il nous a fait don. C’est donc lui qui nous cultive, lui qui nous donne l’accroissement ; Dieu qui peut tout est notre agriculteur, nous sommes en sureté.