Deutéronome 12, 1-14

Unité fondamentale des institutions et des lois cultuelles

Père Pierre Grelot

Sens chrétien de l’Ancien Testament, p. 186s

 

          Pour retracer l’histoire des institutions et des lois cultuelles d’Israël, il importe de ne pas vouloir lui appliquer des schémas préfabriqués, et d’être aussi sensible à ce qui demeure inchangé qu’à ce qui se modifie avec le temps.

          En dépit d’une certaine évolution, les lois et les institutions cultuelles de l’Ancien Testament gardent, de siècle en siècle, une profonde unité. Elles ne se développent pas au hasard des contingences historiques, ni de façon incontrôlée, mais à l’intérieur d’une solide tradition dont les éléments fondamentaux ont été fixés à l’époque du désert avant de s’implanter en Canaan. Cette tradition les lie étroitement au principe essentiel de l’Alliance qui détermine leur finalité ; elle leur fournit des normes directrices qui dominent toutes leurs synthèses successives, quelle que soit la diversité ou l’âge relatif des éléments incorporés.

          Par exemple, le Deutéronome, dans la page qui nous venons d’entendre, énonce, sous une forme rigoureuse, le principe de l’unité du sanctuaire, aussi étranger à la pratique de l’époque royale qu’à celle des temps patriarcaux ; il est certain qu’il veut répondre aux besoins vitaux d’une époque où la pluralité des sanctuaires a favorisé en fait la décadence religieuse. Il n’en faut pas conclure pourtant à une innovation absolue. En effet, c’est l’existence d’un sanctuaire confédéral, prolongeant celui du Sinaï parce qu’il renferme l’Arche d’Alliance, qui porte alors toutes ses conséquences, et bientôt le principe passera dans les faits. La nouveauté prétendue ressemble donc, sous plus d’un rapport, à un retour aux origines ; mais, entre temps, que d’éléments nouveaux ont été assimilés par le culte israélite !

          C’est ainsi que la tradition issue de l’Alliance sinaïtique joue un rôle régulateur et unificateur par rapport aux lois cultuelles. Le sanctuaire de l’Arche est d’ailleurs le cadre où elle se transmet normalement, ce qui contribue encore à assurer sa stabilité. Car les peuples voisins ont aussi des coutumes et des institutions cultuelles, souvent apparentées à celles d’Israël par leurs dispositions concrètes. Mais ces dernières ont un caractère à part, car elles visent à régler les comportements du peuple saint dans ses rapports avec le Dieu unique qui lui a donné son Alliance, et c’est de là que découlent leur sens et leur valeur.