Deutéronome 15, 1-18

Le mystère du sabbat

Père Jean Daniélou

Bible et liturgie, p. 306s

 

          Nous trouvons déjà amorcée, dans l’Ancien Testament, une double typologie du sabbat, encore imprécise dans son contenu, et indéterminée dans son objet. Comme le dit saint Paul, c’est le Christ qui est la réalité dont le sabbat n’était que l’ombre : l’interprétation christologique est déjà marquée dans le Nouveau Testament. Les Pères de l’Eglise ne seront pas les premiers à le dire.

          Le Nouveau Testament prolonge la spiritualisation du sabbat telle que l’avait montrée Isaïe, en marquant en même temps que le sabbat est révolu parce que le Christ est la réalité qu’il figurait. De cette institution, Jésus laisse entendre qu’il est libre d’en disposer, puisqu’il en est le maître. Mais il y a plus : l’analogie avec le Temple nous montre que les deux institutions sont parallèles ; or Jésus se présente comme plus grand que le Temple. Il en est évidemment de même du sabbat. Le sabbat et le Temple sont révolus parce le Christ, sabbat et Temple du Nouveau Testament, est là. Avec le Christ, un nouveau sabbat apparaît : Prenez sur vous mon joug, car je suis doux et humble de cœur, et vous trouverez le repos de vos âmes. Le Christ est donc le vrai repos, le sabbat véritable.

          Le Nouveau Testament nous montre par ailleurs le Christ le septième jour, c’est-à-dire le temps consacré qui succède aux jours profanes, et dont le récit de la création nous avait donné une interprétation christologique : elle nous montre dans le Christ ce septième jour, lequel est une figure du Christ. La lettre aux Hébreux justifie cette interprétation en montrant que le septième jour a bien ce sens : en dehors du repos de Dieu dans l’ordre de la création, du repos d’Israël dans l’ordre de l’Ancien Testament, il reste un troisième repos, lequel est réservé au peuple de Dieu ; celui qui entre dans ce repos se repose de ses œuvres comme Dieu s’est reposé des siennes. Empressons-nous donc d’entrer dans ce repos afin que notre possible indocilité n’entraîne plus personne dans la chute.