Deutéronome 16, 1-17

Les temps sacrés

Père Roland de Vaux

Les institutions de l’Ancien Testament, Tome II, p. 362s

 

          Il y eut certainement en Israël, comme chez tous les peuples, une floraison de fêtes qui, même si elles célébraient un événement profane, pouvaient avoir un caractère religieux. La Bible en signale un certain nombre, mais n’explique généralement pas la manière dont on les célébrait. Des fêtes de famille ou de clan marquaient les étapes de la vie de l’individu : lorsqu’il était sevré, lorsqu’il se mariait, lorsqu’il mourait, etc…

          La vie rurale fournissait l’occasion de réjouissances, ainsi la tonte des brebis, et les trois grandes fêtes annuelles se rattachaient à des moments de la vie pastorale ou agricole. Les événements publics étaient aussi soulignés par des fêtes : couronnement d’un roi, victoires que l’on glorifiait par des chants et des danses ; mais aussi les calamités nationales donnaient lieu à des jeûnes, et à des lamentations. Bien des fêtes que nous ignorons ont dû être célébrées dans les multiples sanctuaires d’Israël, mais il est très rare qu’un récit ancien y fasse allusion ! Le pèlerinage de Sichem à Béthel, la fête de Yahvé à Silo.

          Retenons celles qui ont acquis une importance durable et sur lesquelles nous sommes mieux renseignés parce qu’elles ont reçu une place dans le culte du Temple à Jérusalem. Certes, les calendriers religieux donnent l’ordre des grandes fêtes, mais il ne faut pas oublier le service ordinaire quotidien du Temple, et la sanctification du septième jour de la semaine, le sabbat. Les grandes fêtes annuelles de l’ancien Israël étaient les trois fêtes de pèlerinage : la fête des Azymes, celle des Tentes, et la fête de Pâque qui a été finalement liée à celle des Azymes. A ces grandes fêtes, le Nouvel An, le Rosh ha-Shana, était déjà une fête importante au début de notre ère, où la Mischna lui consacra un traité spécial ; quoi qu’il en soit, un fait demeure assuré ; l’Ancien Testament ignore entièrement et jusqu’à la fin une fête du Nouvel An, qui aurait été célébré, comme il se doit, le premier jour de l’année, le 1er Tishri (nom babylonien du septième mois de l’année), fête comportant la sonnerie du cor (le shophar) et le chant d’hymnes de louange.

          Lorsque les responsables israélites s’avisèrent, assez tard de donner un sens historique à leurs fêtes, c’est à l’histoire d’Israël que les ont rattachées et au séjour au désert. Nous trouvons ici un trait général du culte israélite : il est l’hommage de l’homme à un Dieu personnel qui a fait alliance avec le peuple qu’il a sauvé et qui reste fidèle à cette alliance.