Deutéronome 18, 1-22

Les paroles de Dieu ou la Parole de Dieu ?

Dom Ephrem Florival

Figure et mystère du prophète dans l’Ancien Testament, BVC 57, p. 46s

 

          Dans la structure de l’Alliance, le sacerdoce et le prophétisme se sont partagé la médiation avec Dieu, mais de façons bien différentes. Il fut un temps où l’on voulait les opposer, comme la lettre qui tue et l’esprit qui vivifie. C’est pourtant de bien autre chose qu’il s’agit.

          Rien de plus significatif à cet égard qu’une comparaison entre les paroles de Dieu qu’enseigne et interprète le prêtre, et la Parole de Dieu que profère le prophète. Les premières désignent les commandements de la Loi. Ecrites sur la pierre, elles s’imposent une fois pour toutes : pour tout le monde, pour toujours et partout ; elles expriment la volonté de Dieu dans sa permanence et dans sa généralité à l’égard des hommes au plan de la création, ou à l’égard d’Israël au plan de l’Alliance mosaïque. Au contraire, l’oracle prophétique surgit à l’improviste, essentiellement relatif à l’événement, à la situation, à l’attitude concrète du peuple et de ses responsables, ou des nations dans leur rapport à Israël, à tel moment précis, unique, incomparable. Appel ou verdict, il s’agit essentiellement d’une adresse, personnelle et actuelle.

          Dans l’évangile, la première réponse de Jésus au jeune homme riche est de type sacerdotal : Tu connais les commandements : tu ne commettras pas de meurtre, tu ne commettras pas d’adultère, tu ne voleras pas, tu ne porteras pas de faux témoignage, tu ne feras de tort à personne, honore ton père et ta mère (Marc 10,19). La seconde est de type prophétique : Une seule chose te manque : va, ce que tu as, vends-le, donne-le aux pauvres et tu auras un trésor dans le ciel. Puis, viens, suis-moi (Marc 10,21).

          Et ce qui vaut pour la Parole de Dieu vaut aussi bien pour l’acte religieux : rite, dans la ligne sacerdotale, il est éminemment signe personnel, ou disposition du cœur, dans la ligne prophétique.