Deutéronome 4, 1-8 + 32-40

L’appel

Sœur Jeanne-d’Arc

Le Mystère de la vocation, VS 94, 1956, p. 184s

 

          La Parole de Dieu  appelle tout être à l’existence et chacun selon son espèce, comme le répète à satiété le premier chapitre de la Genèse. Chacun est fait pour quelque chose, l’arbre porte en soi sa semence, mais nul n’a besoin qu’on le lui dise, c’est inscrit dans la nécessité de sa nature.

          L’homme, lui aussi, est fait pour quelque chose, mais comme il est intelligent et libre, Dieu lui communique ses desseins par sa Parole : Soyez féconds, multipliez, emplissez, soumettez, dominez… Telle est la vocation générale de l’homme.

          Mais l’homme est destiné à une vie personnelle de connaissance et d’amour de Dieu. Il y a un sens plus spécial : Dieu destine certains êtres à lui appartenir d’une façon particulière.

          De même que le peuple tout entier était consacré, mis à part pour son Dieu et chargé d’une mission déterminée, ainsi l’appel se réfracte sur certains hommes dont la Bible nous décrit la vocation. Dieu a besoin, Dieu aime avoir besoin des hommes. Il mène son peuple par des hommes, il l’avertit, l’instruit, le châtie, le sauve par des hommes. La grande vocation d’Israël se contracte, se spécialise en vocations diverses : patriarches, chefs, juges, rois, prophètes, hommes de la Parole, prêtres, consacrés. Et Dieu prend la peine de préciser à son élu que cet appel qu’il entend ne fait que confirmer la structure même de son être ; une telle révélation est porteuse de la grâce qu’il faut pour l’accomplir. .

          La vocation est d’une certaine façon déjà inscrite dans l’être, non pas comme une nécessité, à la manière dont un pommier donne des pommes et ne peut donner que cela, mais parce que tout dépend du libre dessein de Dieu, de la Parole unique qui nous a appelés à l’être en vue de telle mission, qui nous y a préparés au cours de notre vie par des voies très souvent mystérieuses, et qui enfin nous appelle à l’accomplir au sein de son Royaume.