1 Jean 1, 1-10

Pour entrer en communion avec Lui,  avouez vos péchés

Saint Augustin

Commentaire de la première épître de saint Jean, SC 75, p. 119s

 

           Et voici le témoignage que nous avons entendu de lui et que nous vous annonçons. Quel est-il ? Eux ont vu, ont touché de leurs mains le Verbe de Vie : le Fils unique de Dieu, qui était dès le commencement, s’est rendu visible et palpable pour un temps. A quelle fin est-il venu ? Que nous a-t-il annoncé de nouveau ? Qu’a-t-il voulu nous enseigner ? Pourquoi a-t-il fait ce qu’il a fait : lui, Verbe, s’être fait chair, lui, Dieu, avoir souffert les traitements les plus indignes et s’être fait souffleter par des mains qu’il a formées ? Qu’a-t-il voulu nous enseigner ? Qu’a-t-il voulu nous montrer ? Qu’a-t-il voulu nous annoncer ? Ecoutons : car, sans le fruit de l’enseignement, la narration des faits, la naissance du Christ, la passion du Christ, est pour l’esprit un divertissement, non une force. Quel grand mystère t’est proposé ? Qu’a-t-il voulu t’enseigner, t’annoncer ? Ecoute bien : Que Dieu est lumière, dit Jean, et qu’en lui il n’y a point de ténèbres. Sans doute est-ce bien de lumière qu’il parle, mais les paroles sont obscures : puisse cette lumière même dont il parle illuminer nos cœurs et nous faire comprendre ce qu’il dit.

            Voilà ce que nous vous annonçons : Dieu est lumière, en lui il n’y a point de ténèbres. Qui oserait dire en effet qu’en Dieu il y a des ténèbres ? Qui oserait demander : quelle est cette lumière, que sont ces ténèbres ? Il est à craindre qu’en posant de telles questions, on ne songe à ce qui affecte nos yeux de chair. Dieu est lumière, objecte je ne sais qui, mais le soleil aussi est lumière, la lune aussi est lumière, une lampe aussi est lumière. Il doit y avoir quelque chose qui surpasse de beaucoup ces lumières en grandeur, en éclat, en qualité. Autant Dieu est au-dessus de la nature, l’auteur au-dessus de son ouvrage, la sagesse au-dessus de ce qui est fait par sagesse, autant cette lumière doit surpasser toutes les autres. Peut-être en approcherons-nous si nous parvenons à savoir quelle est cette lumière, et si nous nous attachons à elle pour en être éclairés ; car, de nous-mêmes, nous sommes ténèbres, mais, éclairés par elle, nous pouvons être lumière, et elle ne nous confond pas, si nous nous confondons nous-mêmes. Quel est celui qui se confond lui-même ? Celui qui se sait pécheur. Quel est celui qui ne se confond pas ? Celui qui est éclairé par elle. Qu’est-ce qu’être éclairé par elle ? Celui qui, se voyant encore enténébré par le péché, désire être éclairé par elle, et s’approche de cette lumière. D’où la parole du psaume : Approchez-vous de lui et vous serez éclairés, et la honte ne rougira plus votre visage. Non, cette lumière ne te fera pas rougir, si, quand elle te fait voir ta laideur, ta laideur te déplaît, en sorte que tu perçoives sa beauté à elle. Voilà ce qu’il veut nous enseigner.