Jean 14, 15-21

« Je suis en mon Père, vous êtes en moi, et moi en vous »

Saint Nicolas Vélimirovitch

Cassienne, p. 57s

 

           Le Père éternel aime le Fils et l’Esprit-Saint. Le Fils éternel aime le Père et l’Esprit-Saint ; l’Esprit Saint aime le Père et le Fils. Tout cela en une unité incompréhensible, sans séparation, ni confusion. Tout cela incorporel et spirituel. Il en est ainsi d’une éternité à l’autre, sans commencement, sans fin, sans changement, sans diminution, ni augmentation, sans qu’interviennent ni le temps, ni l’espace, ni tout autre événement extérieur.

          Vouloir imaginer Dieu sans le Fils reviendrait au même que de l’imaginer sans amour. Car l’amour demande un objet. Tu sais que lorsque quelqu’un parmi nous dit : « J’aime », automatiquement surgit de notre part la question : « Qui aimes-tu ? » Qui donc Dieu aimerait-il dans son éternité, avant la création du monde, s’il n’a pas le Fils comme objet de son amour ? Cela signifierait qu’il ne sait pas aimer, ou que l’amour ne fait pas partie de son essence avant d’avoir créé le monde comme objet de son amour. Celui signifierait aussi que Dieu a acquis quelque chose par cette création, quelque chose qu’il n’avait pas, et qu’ainsi il a changé. Cependant, cela n’est pas logique, n’a pas de sens ; cela est contraire à la Sainte Ecriture qui nous révèle d’en-haut qu’en Dieu il n’y a ni changement, ni ombre de variation.

          Celui qui ne croit pas que le Fils de Dieu a été engendré par le Père ne peut en aucun cas donner à Dieu le nom de Père. Si cependant il le nomme ainsi, il ne dit pas la vérité. Qu’est-ce en effet qu’un Père qui n’a pas de Fils ? Si quelqu’un dit : « Dieu est le Père de tous les hommes », répondons-lui aussitôt : « Dieu est le Créateur et non le Père de tous les hommes ; il a créé, et non engendré tous les hommes ». On ne peut donc que mentir si on appelle Dieu Père, sans reconnaître son Fils éternel, qui seul peut faire passer de la création à l’engendrement. L’apôtre Jean (1 Jean 2,12) le dit de façon très nette : Quiconque nie le Fils n’a pas non plus le Père.