1 Jean 2, 1-11

Le commandement divin de l’amour

Père Jean Mouroux

L’expérience chrétienne dans la 1ère lettre de Jean, VS 18, 1948, p. 394s

 

           Nous savons que nous le connaissons si nous gardons les commandements. Cette pratique n’est pas un signe extérieur à l’expérience, et qu’il s’agirait de lui appliquer du dehors. Elle implique à sa racine une obéissance volontaire, un amour généreux, un engagement réel : Voici ce qu’est l’amour de Dieu : c’est de pratiquer ses commandements. Ici, comme dans l’évangile, les commandements sont, avant tout, la foi et l’amour : comment les pratiquerions-nous, sinon, d’abord, en croyant et en aimant ? Cette pratique jaillit donc de l’élan le plus profond de l’âme, elle l’exprime au dehors, et, par suite, elle porte avec elle sa propre lumière : elle nous fait savoir que nous connaissons Dieu, que nous sommes dans la vérité, que notre amour est réel et parfait. Ainsi, le rapport vécu à nos actes libres, la sanction et la lumière qui émanent de l’agir, sont des éléments de notre certitude, et, par suite, sont essentiels à l’expérience chrétienne. Cette lettre de saint Jean revient sans cesse sur ce thème : la fidélité consciente et volontaire aux commandements est le signe, le gage, le fruit de la vérité, de l’amour et de la communion ; elle est la lumière même de l’expérience chrétienne.

          Très particulièrement, il faut, non pas haïr, mais aimer ses frères à l’imitation du Christ. C’est une simple précision, mais saint Jean y insiste avec prédilection. Et sans doute, parce qu’il y voit le signe par excellence qui marque l’avènement du monde nouveau à travers l’ancien, de la vraie lumière à travers les ténèbres : commandement ancien, parce qu’il est, pour toute la vie chrétienne, celui des premiers jours et du premier enseignement ; commandement nouveau, parce qu’il est neuf comme le Christ lui-même, et comme l’apparition de la jeune foi chrétienne.

          Aimer ses frères, c’est aimer Dieu parce que c’est aimer le terme de l’amour créateur, par la force même de cet amour. On comprend que ce soit un signe par excellence, parce qu’il joint l’intériorité la plus profonde à la visibilité la plus caractérisée : le frère, on le voit et on l’aime d’un amour qui passe au dehors, non point seulement dans des paroles, mais dans des actes visibles qui en manifestent la vérité.