1 Jean 2, 12-17

« Je vous écris à vous… »

Père Enzo Bianchi

L’amour vainqueur de la mort, p. 394s

 

           Jean écrit aux membres de la communauté en utilisant trois appellations : Petits enfants, Pères et Jeunes gens.

            S’agit-il de trois catégories de personnes ? De trois groupes distincts dans la communauté, selon le chemin parcouru ? On n’en sait rien. Pour nous, Jean commence par s’adresser à toute la communauté : Je vous écris à vous, petits enfants, pour que vos péchés soient remis grâce au Nom de Jésus. Selon la tradition biblique sapientielle, les membres de la communauté sont tous des fils pour Jean, du fait que c’est lui qui les a engendrés en Christ ; tous sont disciples puisqu’il en a été le maître. Eux, en tant que chrétiens baptisés, sont les bénéficiaires de l’unique véritable expérience du salut qui soit possible à l’homme de réaliser sur terre, la rémission des péchés. L’auteur rappelle que la condition du chrétien est par nature celle d’un pécheur, mais d’un pécheur de nouveau et toujours pardonné par Dieu, car l’amour de Dieu ne saurait s’épuiser ; en raison d’un tel amour, le chrétien peut parvenir au salut grâce au Nom de Jésus.

            Un peu plus loin, Jean ajoute : Je vous écris à vous, petits enfants, parce que vous avez connu le Père. Le parallèle entre les deux témoignages prouve que le chrétien parvient sûrement à connaître le Père et que ce n’est possible qu’en la personne de son Fils Jésus Christ. Le chrétien arrive à connaître le Père dans l’expérience qu’il fait de la rémission de ses péchés ; et puisqu’il connaît l’amour du Père, il devient capable d’aimer ses frères. Alors sa connaissance du Père est bien réelle : Si nous avons la connaissance, nous ne pouvons pas ne pas aimer, car connaître sans aimer ne sauve pas.

            Puis l’auteur s’adresse différemment aux anciens et aux jeunes gens : pour eux, il focalise un aspect particulier de leurs situations respectives. Aux anciens, que par vénération il appelle pères, il adresse à deux reprises les mêmes paroles : Je vous écris à vous, pères, car vous avez connu celui qui est dès le commencement. C’est sa façon de mettre en lumière leur expérience de foi longuement éprouvée. Ils ont, eux, connu le Christ, Celui qui est dès le commencement, titre qu’il faut prendre dans ses deux sens. Au sens de la tradition johannique, le fait que le Christ soit l’objet de la connaissance éclaire d’une manière toute particulière ce qui a déjà été dit à propos de la connaissance en tant que telle, qui est réalité expérientielle et communionnelle : Telle est la vie éternelle, qu’ils te connaissent, toi, l’unique vrai Dieu, et Celui que tu as envoyé, Jésus Christ.