Osée 10, 1-15

« Il est temps de chercher le Seigneur »

Cardinal Carlo Maria Martini

Petit dictionnaire de Spiritualité, p. 34s

 

              Défrichez-vous des terres nouvelles : il est temps de chercher le Seigneur, vient de nous dire le prophète Osée. Qu’implique un changement de vie, la conversion, en grec métanoia : la transformation de la mentalité et des horizons ?

                 Je crois que l’on peut répondre, de façon succincte, que cela comprend trois aspects, trois réalités : une conversion religieuse, une conversion éthique, une conversion intellectuelle.

                 La conversion religieuse consiste en la décision de mettre Dieu au-dessus de tout. Cela ne signifie pas devenir saint d’un seul coup ; il s’agit d’une décision foncière de placer Dieu au-dessus de tout et de se soumettre à lui. Changement essentiel d’horizon, le plus important de tous. Ma vie tient compte du primat de Dieu de qui je dépends partout, dans le bien et dans le mal, dans la maladie et la mort.

                 Cette conversion religieuse s’explicite dans une conversion éthique à laquelle elle est intimement liée : option de ne pas se mettre au service des idoles, de ne pas être esclave des idoles antiques ou païennes, ou bien des idoles de tous les temps, tels que l’argent, le plaisir, le succès, le pouvoir. Autrement dit, la conversion morale consiste à soumettre à la justice l’intérêt immédiat.

                 Semblable conversion n’est pas uniquement le fruit de mon effort : elle est don de Dieu. C’est l’Esprit-Saint en nous, c’est le Christ vivant en nous. On décide donc d’accepter de se soumettre à la conduite de l’Esprit-Saint, et de vivre selon l’Esprit-Saint.

                 L’homme qui est vraiment converti sur les plans religieux et moral est l’homme des Béatitudes. Par béatitudes, j’entends non pas seulement les neuf retenues par Matthieu, mais encore celle de l’écoute et de la pratique de la Parole, celle de la foi, celle de Actes 20,35 : Il y a plus à donner qu’à recevoir.

                 Douze béatitudes, on pourrait en citer d’autres encore, qui constituent une unité, qui se conditionnent l’une l’autre et qui forment le cadre de vie de l’homme lequel consent au chemin de la conversion.

                 Enfin la conversion intellectuelle n’est pas directement prise en considération par l’Ecriture, car elle est une démarche en quelque sorte préparatoire.

                 C’est la sagesse humaine qui parvient à comprendre que l’homme ne peut vivre de ce qui est immédiatement visible, mais qu’il doit avoir la force de raisonner pour atteindre à l’évidence intrinsèque et aux sources profondes du vrai et du faux.