Osée 14, 2-10

« Reviens au Seigneur ton Dieu »

Père Paul Marie de la Croix

L’Ancien Testament source de vie spirituelle, p. 138s

 

              L’intime mouvement qui a porté l’âme à quêter hors d’elle-même sa fin, la mène jusqu’à la rencontre. Dieu vient, il habite réellement en nous, il se fait plus intérieur à nous que nous-mêmes. Il éveille nos facultés, se donnant à elles dans une relation infiniment simple et à la portée de chacun de nous : cet élan intime et éminemment personnel, c’est la prière.

              Où trouver un écho à cette voix qui nous appelle par notre nom, voix à laquelle la nôtre se mêle volontiers sinon dans les psaumes, cette longue et émouvante plainte, d’où s’élève également un chant de confiance inlassable et absolue ?

              Ce chant a retenti à travers tous les siècles ; il accompagne ce lent et court cheminement de nos vies mortelles vers la vie éternelle. Il n’est besoin ici que de chanter, dans les textes, notre propre prière pour posséder l’espérance invincible du Bien auquel tend notre âme, par amoureux et divin vouloir.

              Cette soif de Dieu en nous ! Qu’est-elle, sinon un divin témoignage de l’amour qui tend à se communiquer en laissant à l’âme l’initiative de le recevoir, une invitation faite à l’homme de se tourner vers Dieu dans le sentiment de sa profonde indigence ?

              L’âme qui, un jour, découvre sa pauvreté, puis en prend toujours davantage conscience, à qui rien ne suffit, et qui se voit dénuée de tout bien, tend déjà, par la connaissance de sa misère, vers une plénitude. L’appel lointain qu’elle perçoit est si suave et si brûlant aussi, qu’elle ne saurait se décourager, mais seulement se plaindre doucement et ardemment. Elle trouve, dans cette absence ressentie, la promesse d’un secours d’en-haut qui, venant au devant de son attente, la délivrera et la comblera.

              Bienheureux les pauvres. Il ne faut rien avoir et en prendre conscience pour désirer beaucoup. L’âme obtient autant de Dieu qu’elle espère de lui, dit saint Jean de la Croix. Il ne met pas en nous des désirs irréalisables, écrit sainte Thérèse de l’Enfant Jésus. Le plus grand, le plus fou, le désir de la Réalité divine, est celui que Dieu creuse en nos âmes afin de le combler.