Osée 2, 16-25 ou 1 Corinthiens 7, 25-40

L’appel

Sœur Jeanne d’Arc

Le mystère de la vocation, VS 94, 1956, p. 184s

 

          La Parole de Dieu appelle tout être à l’existence et chacun selon son espèce, comme le premier chapitre de la Genèse nous le répète à satiété. Chaque être est fait pour quelque chose, l’arbre porte en soi sa semence, mais il n’a pas besoin qu’on le lui dise, c’est inscrit dans la nécessité de sa nature.

            L’homme, lui aussi, est fait pour quelque chose, mais comme il est intelligent et libre, Dieu lui communique ses desseins par sa Parole : Soyez féconds, multipliez, emplissez, soumettez, dominez,… Et c’est la vocation générale de l’homme, et tous les métiers ; tous les rôles, qu’il doit remplir sur terre, s’originent à ce premier appel de la puissance créatrice qui lui a assigné la tâche de soumettre la terre.

            Mais l’homme est destiné à une vie personnelle de connaissance et d’amour de Dieu. Une amitié entre deux personnes est toujours unique, c’est pourquoi il ne suffit plus de l’appel général à l’existence et à l’activité : il fait un appel personnel, et c’est là qu’on peut parler de vocation au sens propre, quoique encore général.

            Il y a un sens plus spécial : Dieu destine certains êtres à lui appartenir d’une façon particulière, par une consécration ou pour une mission.

            De même que le peuple tout entier était consacré, mis à part pour son Dieu et chargé d’une mission déterminée, ainsi l’appel se réfracte sur certains hommes dont la Bible nous décrit la vocation. Dieu a besoin, Dieu daigne avoir besoin des hommes. Il mène son peuple par des hommes, il l’avertit, l’instruit, le châtie, le sauve, par des hommes. La grande vocation d’Israël se contracte, se spécialise en vocations diverses. La Bible nous en raconte beaucoup : vocations de patriarches, de chefs, de rois, de juges, de prophètes, d’hommes de la Parole, de prêtres, de consacrés.

            Comme toujours, c’est en touchant le fond le plus essentiel des choses qu’on est le plus près des applications pratiques. En effet, lorsqu’il s’agit de discerner une vocation, la question n’est pas tant de se rendre compte de la sainteté d’une âme, de la hauteur de ses désirs…, il faut chercher à voir, par l’expérience, si elle est faite pour cela, si elle est ainsi structurée corps et âme, qu’elle soit capable de vivre, de s’épanouir tout entière dans cette forme spéciale de vie qu’elle désire.

            Car la vocation est d’une certaine façon déjà inscrite dans l’être, non pas comme une nécessité, à la manière dont un pommier donne des pommes et ne peut donner que cela, mais parce que tout dépend du libre dessein de Dieu, de la Parole unique qui nous a appelés à l’être en vue de telle mission, qui nous y a préparés au cours de notre vie par des voies souvent très mystérieuses, et qui enfin nous appelle à l’accomplir au sein de son Royaume.