Genèse 44, 1-34

Joseph se fait reconnaître par ses frères

Saint Jean Chrysostome

Homélie LXIV, 5-6, OC VIII, p. 262s

 

          L’intendant de Joseph rattrapa les fils de Jacob, à la recherche de la coupe d’argent qu’il savait placée, par ses soins, sur l’ordre de Joseph, dans le sac de Benjamin. Les frères de Joseph ne comprirent pas ce qui leur arrivait, et acceptèrent d’être fouillé, disant même : Que celui d’entre nous sur lequel on trouvera la coupe que vous cherchez soit puni de mort, comme coupable d’un tel crime, quant à nous, alors, réduisez-nous en esclavage. C’était leur conscience sans reproche qui leur inspirait une semblable assurance.

          La fouille des sacs commença par l’ainé, jusqu’à ce que Benjamin, le dernier, soit fouillé ; on trouva la coupe dans son sac ! A cette vue, leur esprit fut couvert de ténèbres. Ils retournèrent à la ville ; introduits auprès de Joseph, ils se prosternèrent devant lui face contre terre. Que de fois ils ont à l’adorer ! Juda prit la parole ; Que pouvons-nous opposer à vos reproches, comment nous justifier ? La pensée de leur crime d’autrefois lui revint à la mémoire. Nous sommes vos esclaves, nous et celui chez lequel on a retrouvé la coupe, dit-il. Et Joseph de lui répondre : Loin de moi cette pensée, celui-là seul chez lequel on a trouvé la coupe sera mon esclave ; pour vous, retournez sains et saufs chez votre père.

          Ainsi les craintes de leur père se réalisaient, tel était le trouble et le désordre de leur esprit. Juda s’approcha et plaida leur cause, mettant Joseph au courant de tous les événements accomplis dans la maison paternelle après qu’il eut été vendu, des sentiments que ses frères avaient excités en Jacob, de ce qu’ils lui avaient fait entendre sur son compte, et de l’engagement qu’il avait pris, lui, Juda, personnellement, devant son père, de rester esclave à la place de son frère Benjamin. Ces paroles rassurèrent Joseph sur le respect de ses frères envers leur père et de leur tendresse pour Benjamin ; profondément ému, il renvoya les Egyptiens présents, resta seul avec ses frères et se fit connaître à eux, leur disant : Dieu m’a envoyé ici en avant de vous pour préserver vos vies et assurer ainsi la permanence de notre race.