Exode 6,29 – 7,25

Les plaies d’Egypte : pour le bien de ceux qui sont sauvés

Saint Grégoire de Nysse

La vie de Moïse, SC 1 bis, p. 49s

 

          En Egypte, Moïse a détruit, de son bâton, les méfaits qu’opéraient les suppôts du Menteur. Aujourd’hui, celui qui tient en main le bâton invincible qu’est la vertu du Christ, celui-là anéantit le pouvoir du Malin. Il peut aller son chemin, il court vers des merveilles plus grandes encore. Merveilles de Dieu qui n’ont pas simplement pour but de frapper de stupeur ceux qui en sont témoins, mais qui sont accomplis, dit l’Apôtre pour le bien de ceux qui sont sauvés (Ephésiens 4,6).

          Par ces merveilles qu’opère la vertu du Christ, l’Adversaire est vaincu, l’ami du Christ est réconforté. Les miracles d’ailleurs doivent être compris du point de vue spirituel, pour qu’on puisse en discerner le sens. C’est un fait. Selon ses propres dispositions de cœur, chacun accueille différemment la Vérité. A tous, sans distinction, bien et mal sont offerts par le Verbe de Dieu. Qui est bien disposé, celui-là reçoit la Lumière. Mais qui est mal disposé, qui détourne son regard de la Vérité, celui-là reste dans les ténèbres de l’ignorance.

          Quoi d’étonnant, dès lors, dans l’Exode, que l’Hébreu soit épargné par les plaies dont sont accablées les Egyptiens, tout en étant mêlé à eux ? Est-ce que cela ne se réalise pas encore aujourd’hui ? Nos grandes villes où se côtoient de multiples croyances, voient par les uns jaillir la foi, limpide et transparente, qui sourd pour eux de la fontaine de la divine catéchèse. Pour les autres, c’est un sang empoisonné. Sans cesse le Menteur déploie sa ruse pour changer l’Eau du Verbe de Dieu en un mélange corrompu d’erreurs. Il s’efforce de déformer à nos yeux notre doctrine. S’il ne peut la contaminer en profondeur, il tâche d’y mêler l’erreur en surface. Mais les fidèles du Seigneur boivent l’Eau pure, sans se laisser influencer par ces déformations, quel que soit l’aspect de vérité que présentent les arguments de l’Adversaire.

          Peut-être êtes-vous surpris que tout s’accomplisse en Egypte par le seul bâton de Moïse ? N’est-il pas écrit, d’ailleurs, que Dieu endurcit le cœur de Pharaon ? Et l’Apôtre ne parle-t-il pas de la même manière à propos des païens : Dans la mesure où ils n’ont pas cherché à Le connaître, Dieu les a livrés à leur sens pervers (Romains 1,21). Ce n’est pas la faute de Dieu ; c’est toujours le refus de Le reconnaître qui est cause de misère et de déchéance.