Lévitique 16, 2-28

L’offrande immaculée de notre vie intérieure

Ruysbroeck l’Admirable

Œuvres Complètes, Le Tabernacle Spirituel, Tome 5, p. 71s

 

          Dans l’ancienne Loi, Aaron et ses fils durent amener un taureau devant la porte du tabernacle. C’était par excellence le sacrifice de la consécration, par lequel ils devaient être eux-mêmes consacrés et sanctifiés en vue de l’office sacerdotal.

          Afin de recevoir cette sanctification, ils devaient sacrifier à Dieu un jeune taureau et un bélier pour leurs péchés, et les offrir en holocauste. De même devons-nous offrir à Dieu, en esprit de pénitence, nos sens et toute notre nature, renoncer à toute consolation venant du monde, et vaincre tout désir de la chair. Tel est l’ornement extérieur des vertus morales. De plus, il nous faut offrir à Dieu nos puissances intérieures et notre nature spirituelle comme un holocauste à consumer dans le feu de son amour. Pour nous, notre adhésion spirituelle à Dieu nous aide à vaincre et à dépasser les obstacles qui s’interposent entre nous et Dieu : c’est là offrir le bélier immaculé de notre vie intérieure en d’odeur d’éternelle suavité.

          Lorsque l’amour nous soulève ainsi, nous embrasse avec lui, nous pénètre de douceur, il se fait en nous un silence de parfaite obéissance ; alors nous nous offrons à Dieu comme un doux agneau, nous abandonnant nous-mêmes à lui, pour qu’il fasse de nous sa libre volonté, tant ici bas que dans l’éternité. Le Christ souverain prêtre, figuré par Moïse, immole notre offrande, et cette immolation représente le dépouillement de notre volonté propre et une continuelle mortification de tout esprit propre en la libre volonté de Dieu. C’est là le fondement le plus profond et le plus intime de toute sainteté. Notre esprit intérieur y reçoit la lumière de la vérité en laquelle Dieu se fait comprendre et où nous devenons dégagés et dépouillés de toute image. Cette lumière nous donne intérieurement un regard en avant, qui nous fait apercevoir l’attrait de Dieu et nous donne pour lui une telle complaisance que nous devenons incapables de regarder en arrière.