Actes 12, 1-23

Exécution de Jacques, le frère du Seigneur

Saint Jean Chrysostome

Sermon 26 sur les Actes des Apôtres, OC 15, p. 98s

 

            Quelle est cette époque dont l’auteur des Actes des Apôtres parle au début de la lecture de ce jour ? Celui qui venait immédiatement après. C’est ainsi qu’il faut l’entendre dans ce texte. Lorsque Matthieu dit, par exemple : En ces jours-là, Jean vint prêcher (3,1), il ne désigne pas les jours qui suivent, mais bien ceux où s’accomplit l’événement qu’il va raconter. Tel est l’usage des Ecritures ; parfois la narration ne laisse pas de lacune, parfois elle se transporte à des faites éloignés comme s’il n’existait pas d’intervalle. C’est avec raison qu’il est dit : Le roi Hérode ; car ce n’est plus celui qui est nommé à l’époque de Jésus.

          Voici donc surgir une autre épreuve. Observez de quelle façon les choses se compliquent, ainsi que je vous le disais au début ! Ce ne sont plus les Juifs, ce n’est plus le conseil de la nation, c’est un roi maintenant qui persécute les disciples. Plus grand est le pouvoir, plus redoutable sera la guerre, surtout parce qu’il cherche à plaire aux Juifs. Il fit mourir par le glaive Jacques, le frère de Jean. C’est sans but et comme au hasard. Si quelqu’un nous demande pourquoi Dieu permit cela, nous répondrons que ce fut pour les Juifs eux-mêmes : d’abord pour bien leur montrer que la mort n’était pas un obstacle à la victoire, comme on l’avait vu dans le martyre d’Etienne ; puis, pour leur inspirer la pensée de revenir de leur frénésie après en avoir suivi l’impulsion ; enfin, pour qu’il fût évident que ces choses mêmes arrivaient parce que Dieu les avait permises.

          Voyant que cela plaisait aux Juifs, il résolu aussi d’arrêter Pierre. Etrange et multiple fureur ! Devait-il donc se les rendre favorables par des meurtres inutiles et sans motif ? C’était le jour des azymes. Vaines prétentions que celles des Juifs ! Bien loin d’empêcher de tels crimes, ils les commettaient durant ces jours sacrés ! Après l’avoir saisi, il le jeta dans une prison, le confiant à quatre troupes de soldats, composées de quatre hommes chacune (3,4). Là se trouvent mêlées la rage et la peur. Vous l’avez vu : Il fit mourir par le glaive Jacques, le frère de Jean. Avez-vous remarqué le courage des disciples ? Pour qu’on ne prétendît pas qu’ils affrontaient la mort sans crainte en l’affrontant sans péril, vu que Dieu les en délivrait, Dieu permit qu’ils fussent réellement immolés, apprenant de la sorte aux meurtriers que ce moyen même n’arrêterait, ni n’entraverait le ministère.