1 Chroniques 17, 1-15

marie la nouvelle arche

Brant Pitre

Les racines juives de Marie, p. 113s

 

          Quand on lit les pages du Nouveau Testament avec les yeux d’un juif pénétré de l’importance d’un nouvel Exode accompagné par l’Arche d’Alliance, on découvre que Marie, la mère de Jésus ne manque pas d’être assimilée à la nuée de gloire et à l’Arche elle-même.

          Le premier passage clé qui assimile Marie avec l’Arche d’Alliance est le récit bien connu de l’Annonciation : l’ange Gabriel apparaît à la Vierge Marie, et lui annonce qu’elle concevra miraculeusement un enfant, qu’elle mettra au monde, Jésus. Pour la plupart des lecteurs, l’élément principal de ce récit est l’annonce par Gabriel de la conception du Fils du Très Haut. Et ceci est parfaitement juste.

          Cependant dans la perspective qui était celle d’un Juif du premier siècle, l’Annonciation ne se limite pas à expliquer la conception du Fils de Dieu. Elle annonce aussi le retour de celle qui avait disparu depuis bien longtemps : la nuée de la gloire de Dieu.            

          En effet, que répond l’ange à Marie ? L’Esprit Saint viendra sur toi et la puissance du Très-Haut te prendra son ombre. Avez-vous saisi ce qu’est l’image de la gloire dans l’Ancien Testament ? Quand on compare l’original grec du récit de Luc avec la Septante, la traduction juive la plus ancienne, on découvre un parallèle peu commun entre la nuée de la gloire de Dieu sur la Demeure et celle de l’Esprit-Saint sur Marie : la nuée de la gloire de Dieu recouvre la Demeure, et l’Esprit recouvre la Vierge Marie. Dans ces deux expressions, le même verbe grec episkiazô, recouvrir, est employé. De nombreux Pères de l’Eglise, comme des exégètes, en ont conclu que la représentation imagée de l’Esprit Saint, venant recouvrir Marie, a pour but de rappeler la nuée de la gloire de Dieu de l’Exode.

          Pour le dire autrement, de même que l’Arche, dans la Demeure, était le lieu réservé de la présence divine au cours de l’Exode depuis l’Egypte, de même, à l’Annonciation, Marie devient la demeure réservée où réside la gloire de Dieu, au cours du nouvel Exode.