Jean 17, 11b-19

« Afin qu’ils soient eux aussi sanctifiés dans la vérité »

Saint Augustin

Traité 108 sur l’évangile de saint Jean, OC 10, p. 364s

 

          La prière du Sauveur se poursuit avec pour objet les apôtres : Comme du fait que tu m’as envoyé dans le monde, moi aussi je les ai envoyés dans le monde. Quels sont ceux qu’il a envoyés ? Ses apôtres. En effet, le mot apôtre signifie envoyé. Dieu a donc envoyé son Fils non pas dans la chair du péché, mais dans la ressemblance de la chair du péché (Romains 8,3), et son Fils a envoyé ceux qui étaient nés dans la chair du péché et qu’il a purifiés de la tache du péché.

          Mais par là même que Jésus-Christ homme, médiateur de Dieu et des hommes (1 Timothée 2,5), est devenu le chef de l’Eglise, ses disciples sont ses membres, et c’est pour cela qu’il ajoute : Pour eux, je me sanctifie moi-même. Qu’est-ce à dire ? Je les sanctifie en moi-même, puisqu’ils sont eux-mêmes ce que je suis. En effet, ceux dont il parle ici sont ses membres : la tête avec le corps ne font qu’un seul Christ. C’est la doctrine de Paul quand il parle de la descendance d’Abraham : Si vous appartenez au Christ, c’est donc que vous êtes la descendance d’Abraham, après avoir fait précédemment cette observation : C’est à Abraham que les promesses ont été faites et à sa descendance. Il n’est pas dit : et aux descendances, comme s’il s’agissait de plusieurs, mais c’est d’une seule qu’il s’agit : à sa descendance, c’est-à-dire Christ. Si donc ici la descendance d’Abraham, c’est Jésus-Christ, que signifient ces paroles que Paul adresse aux fidèles : Je trouve maintenant ma joie dans les souffrances que j’endure pour vous, et ce qui manque aux détresses du Christ, je l’achève dans ma chair en faveur de son corps qui est l’Eglise (Colossiens 1,24). Il ne dit pas : A mes souffrances, mais aux souffrances de Jésus-Christ, parce qu’il était membre de Jésus-Christ. Et dans les persécutions dont il était l’objet, il accomplissait dans son corps et pour sa part les souffrances que Jésus-Christ devait endurer dans son corps tout entier. Nous trouvons ici même une preuve de cette vérité dans la suite des paroles du Sauveur, car après avoir dit : Je me sanctifie moi-même pour eux, pour nous faire comprendre que le sens de ces paroles est qu’il les sanctifie en lui-même, il ajoute : Afin qu’ils soient eux aussi sanctifiés dans la vérité, c’est-à-dire nécessairement en moi, puisque la vérité est le Verbe qui était au commencement. C’est dans ce Verbe que le Fils de l’homme a été sanctifié dès le commencement de son existence, lorsque le Verbe s’est fait chair.