Actes 19, 1-20

Caché, mais éclairant le monde

Benoît XVI

Les Pères de l’Eglise, de Clément de Rome à Maxime le Confesseur, p. 73s

 

          La crise arienne, que l’on avait crue résolu à Nicée, continua ainsi pendant des décennies, marquées d’événements pénibles et de divisions douloureuses au sein de l’Eglise. Et, pendant les trente ans qui vont de 336 à 366, Athanase ne fut pas contraint moins de trois fois à abandonner sa ville et à souffrir pour la foi en passant dix-sept années en exil. Mais au cours de ces absences forcées d’Alexandrie, l’évêque eut l’occasion de soutenir et de répandre en Occident, d’abord à Trèves, puis à Rome, la foi de Nicée et également les idéaux du monachisme qu’avait embrassés, en Egypte, le grand ermite Antoine, en un choix de vie dont Athanase fut toujours proche. Saint Antoine, avec sa force spirituelle, fut la personne qui apporta le soutien le plus important à la foi de saint Athanase.

          Athanase montre avoir clairement conscience de l’importance que pouvait avoir sur le peuple chrétien la figure d’Antoine. En effet, il écrit dans la conclusion de la vie d’Antoine : Ce qui est une preuve certaine de sa vertu et de l’amour que Dieu lui portait, c’est de voir sa réputation répandue de toute part, de voir que chacun l’admire, et de le voir regretté par ceux même qui ne l’avaient point connu. Car Antoine ne s’était rendu célèbre ni par ses écrits, ni par sa science, ni par aucun art, mais seulement par sa piété. Qui peut douter que ce soit là un don de Dieu ? Puisqu’il est toujours demeuré caché dans une montagne, comment aurait-on entendu parler de lui en Espagne, en Gaule, à Rome et en Afrique, si Dieu, comme il le lui avait promis dès le commencement, n’avait rendu son nom célèbre par tout l’univers, parce qu’il prend plaisir à faire connaître ses serviteurs. Bien que ceux-ci ne le désirent pas et se cachent, il veut qui, comme des flambeaux, ils éclairent le monde, afin que ceux qui en entendent parler sachent qu’il n’est pas impossible d’accomplir les préceptes avec perfection, et que le désir d’imiter ces grands personnages les fassent entrer dans le chemin de la vertu.

          Oui, frères et sœurs, nous avons bien des motifs de gratitude à l’égard de saint Athanase. Sa vie, comme celle d’Antoine et d’innombrables autres saints, nous montre que « celui qui va vers Dieu ne s’éloigne pas des hommes, mais il se rend au contraire vraiment proche d’eux.