Actes 21,40 – 22,21

Paul devant les Juifs

Saint Jean Chrysostome

Homélie 47 sur les Actes des Apôtres, OC 15, p. 321s

 

          Il est à remarquer que l’apôtre Paul ne manque pas de s’autoriser de l’appui que lui donne la Loi, toutes les fois qu’il s’adresse aux païens. Dans le cas présent, il met en avant sa patrie pour gagner sa cause. Précédemment, il avait dit : Ils nous ont battu de verges, nous citoyens romains, et ils nous ont mis en prison, quoique nous n’ayons pas été jugés. Puis, peu après : Etes-vous égyptien ?, lui demandait-on. Il répond : Je suis juif. Langage par lequel il réfute ce que l’on veut faire entendre. Il ne dit pas qu’il appartienne ouvertement à la maison juive ; il parle de la religion qu’il professe ; c’est ainsi, qu’il déclare ailleurs n’avoir d’autre maître que le Christ. Qu’est-ce à dire ? Paul ne dit-il pas la vérité ? Ne le croyez pas. Que penser ? N’a-t-il pas nié ce qu’il fallait affirmer ? Cela n’est pas vrai ; il était à la fois juif et chrétien ; il observait les ménagements qui étaient indispensables, il obéissait mieux que qui que ce soit ; il se soumet à la Loi, il croit au Christ et parle à Pierre en ces termes : Nous sommes juifs de naissance. Je vous en prie, permettez-moi de parler au peuple. Ce qui prouve que l’on ne disait pas la vérité, ce sont les témoins qu’il se proposait de consulter.

 

            Notez avec quelle douceur il défend sa cause. C’était une présomption très forte en faveur de son innocence que de n’avoir aucune accusation sérieuse à réfuter, d’être prêt à se justifier, et de tenir à répondre aux Juifs eux-mêmes. Admirez la prudence et la bonne fortune de l’apôtre en même temps : si le tribun ne fût intervenu, s’il n’eut pas privé Paul de sa liberté, ce dernier n’eût pas eu l’occasion de se justifier, il n’eût même pas obtenu un peu de silence. Le tribun le lui permit, et Paul se tenant debout sur les degrés. Le lieu duquel il parlait facilitait son projet, car il parlait d’un point élevé, bien que chargé de chaînes. Quel lieu spectacle que celui de l’apôtre haranguant le peuple, quoique enchaîné ? Et Paul ne fut pas troublé, il ne fut pas confus à la vue de la foule furieuse, du tribun qui assistait à cette scène ! Après avoir calmé le courroux des auditeurs, il prit la parole et s’exprima d’une manière admirable de prudence. Un grand silence s’était produit, il s’exprima dans ces termes en langue hébraïque : Mes frères et mes pères, écoutez ce que j’ai à vous dire pour ma défense. Pas de flatterie dans ces paroles, tout y est sage et modeste. Il ne dit pas : Seigneurs, mais : mes frères. Je ne suis pas un étranger pour vous, je ne suis pas votre ennemi. Mes frères et mes pères, langage qui les honore et leur rappelle les liens qui les unissent tous.