Actes 22,22 – 23,11

L’Esprit-Saint dans les Actes des Apôtres

Père Yves-Marie Congar

Je crois en l’Esprit-Saint, tome I, p. 69s

 

          Pour les Actes des Apôtres, le Saint-Esprit est essentiellement le principe dynamique du témoignage qui assure l’expansion de l’Eglise. Pour cela, il fait irruption à la Pentecôte. Il y a certainement eu alors un commencement. Saint Luc en a construit le récit en assumant une tradition qui avait interprété l’événement en référence à des valeurs vécues dans la fête juive de Pentecôte : fête de la moisson dont les prémices avaient été offertes le lendemain  de la Pâque, ce qui unissait les deux fêtes, fêtes du don de la Loi. Ce que nous a appris Qumrân, ce que nous connaissons des lectures en usage dans la liturgie juive de la fête, les textes des Jubilés et de Philon : tout cela donne une base au thème de la Pentecôte, fête du don de la Loi au Sinaï, et permet de faire des rapprochements significatifs. Les tables de la Loi avaient été écrites par le doigt de Dieu (Exode 31,18) : c’était désormais le Saint-Esprit (Luc 11,20).

          Ainsi, de même que le Nouveau Testament n’est autre que Jésus-Christ, ouvert à toutes les nations, la Loi nouvelle n’est autre que l’Esprit rendant témoignage à Jésus pour et en tous les peuples. Le signe des langues prophétise la catholicité du témoignage. Les apôtres parlent la langue d’autres peuples, ils annoncent dans ces langues les merveilles de Dieu. Les Pères, mais aussi les exégètes et sans doute saint Luc lui-même ont vu dans ce miracle de l’Esprit l’inversion de la dispersion de Babel (Genèse 11,1-9). Il ne s’agit pas seulement d’un fait d’extension, d’universalisation. Le propre de l’Esprit est, demeurant unique et identique, d’être en tous sans déflorer l’originalité, ni les personnes, ni les peuples, de leur génie, de leur culture, et de faire ainsi que chacun exprime dans sa langue les merveilles de Dieu.

          La Pentecôte a été célébrée, au début, par les chrétiens, simplement comme le terme d’une Pâque de cinquante jours. On prenait le mystère pascal comme un tout : résurrection, glorification, c’est-à-dire Ascension, vie de fils de Dieu communiquée par le Seigneur en envoyant son Esprit.