Philippiens 1, 12-26

« Réjouissez-vous dans le Seigneur »

Saint Paul VI

Documents Pontificaux, Exhortation apostolique du 9 mai 1975, p. 245s

 

           La joie du Royaume ne peut jaillir que de la célébration conjointe de la mort et de la résurrection du Seigneur. C’est la paradoxe de la condition chrétienne qui éclaire singulièrement celui de la condition humaine : ni l’épreuve, ni la souffrance ne sont éliminées de ce monde, mais elles prennent un sens nouveau dans la certitude de participer à la rédemption opérée par le Seigneur et de partager sa gloire. C’est pourquoi le chrétien, soumis aux difficultés de l’existence commune, n’est pas cependant réduit à chercher son chemin comme à tâtons, ni à voir dans la mort la fin de ses espérances. Comme l’annonçait en effet le prophète (Isaïe 9,1-2): Le peuple qui marchait dans les ténèbres a vu une grande lumière ; sur les habitants du sombre pays, une lumière a resplendi. Tu as multiplié leur allégresse, tu as fait éclater leur joie. L’Exultet pascal chante un mystère réalisé au-delà des espérances prophétiques : dans l’annonce joyeuse de la résurrection, la peine même de l’homme se voit transfigurée, tandis que la plénitude de la joie surgit de la victoire du Crucifié, de son cœur transpercé, de son corps glorifié, et éclaire les ténèbres des âmes.

         

          La joie pascale n’est pas seulement celle d’une transfiguration possible : elle est celle de la nouvelle présence du Christ ressuscité dispensant aux siens l’Esprit-Saint pour qu’il demeure avec eux. Ainsi l’Esprit Paraclet est donné à l’Eglise comme principe inépuisable de sa joie d’épouse du Christ glorifié. Il lui remet en mémoire, moyennant le ministère de grâce et de vérité exercé sur les successeurs des apôtres, l’enseignement même du Seigneur. Il suscite en elle la vie divine et l’apostolat. Et le chrétien sait que cet Esprit ne sera jamais éteint au cours de l’histoire. La source d’espérance manifestée à la Pentecôte ne tarira pas.