Philippiens 1,27 – 2,11

Barnabé et Paul

Père E. Le Camus

Dictionnaire de la Bible, Tome 1 – B, colonnes 1402s

 

          Le rôle que Barnabé joue dans l’histoire de l’Eglise naissante est des plus considérables et des plus édifiants. Luc a raison de lui rendre cet hommage qu’il fut un homme bon, plein de foi et du Saint-Esprit (Actes 11,24). Quand Paul converti, mais encore suspect aux chrétiens, arrive à Jérusalem, c’est Barnabé qui le tire d’embarras et le présente lui-même aux apôtres, en se portant garant de la sincérité de sa conversion. Peut-être y avait-il eu, entre ces deux hommes d’élite, des relations antécédentes, soit à Tarse, voisine de Chypre d’où est originaire Barnabé, soit à Jérusalem à l’école de Gamaliel. En tout cas, la haute situation, que ses vertus devaient faire à Barnabé dans l’Eglise, ne tarda pas à s’accentuer. Lorsque les disciples, qui avaient quitté Jérusalem au lendemain du meurtre d’Etienne, et s’étaient mis à évangéliser la Syrie, se déterminèrent, après le baptême du, centurion Corneille, à recevoir dans l’Eglise d’Antioche les païens convertis à l’Evangile, c’est Barnabé qui fut envoyé pour juger des conditions où se produisait la menaçante innovation. Avec son esprit large et sa charité ardente, il approuva aussitôt le mouvement universaliste, et se disposa lui-même à l’accentuer en allant à Tarse convier Paul à lui prêter son concours. Ainsi il amena, comme par la main, sur le champ de bataille où il avait sa place si providentiellement marquée, l’illustre champion de l’Evangile s’adressant aux Gentils.

          Dans les démarches qu’il fait et les missions qu’il accepte, Barnabé se révèle toujours comme un homme modeste, malgré sa très réelle valeur. Il ne craint pas de se donner en la personne de Paul un collègue qu’il sait devoir, par son esprit d’initiative, sa vivacité de parole, son éloquence, le réduire bientôt au second rang. Ce qu’il veut avant tout, c’est la gloire de Jésus-Christ et le triomphe de l’Evangile. L’Eglise apprécie cette modestie généreuse et le récompense ne lui ménageant pas les témoignages de sa confiance et de sa vénération. L’Esprit-Saint inspire aux chefs de la communauté de le choisir officiellement, en même temps que Paul, pour aller évangéliser les païens en dehors de la Syrie et dans des pays inconnus : tout le monde applaudit à ce choix. Dès ce moment, Barnabé, aussi bien que Paul, est qualifié d’apôtre.