Philippiens 2, 12-30

La tâche des chrétiens

Père Joachim Gnilka

La lettre aux Philippiens, p. 51s

 

          La grâce authentique n’a jamais pour effet de faire naître des sentiments d’orgueil ; au contraire, elle suscite l’humilité véritable notamment en vertu des responsabilités dont elle comporte la charge. Cette responsabilité est très grande : il s’agit tout simplement pour la petite communauté de Philippes d’être une lumière qui éclaire le monde. Le Christ est le sens fondamental, central, du monde ; la fonction de ceux qui portent son nom par le baptême est de faire apparaître cette signification aux yeux de tous.

          Il est bien clair qu’ils ne peuvent réaliser cela par leurs propres forces, même dans l’hypothèse qu’ils seraient radicalement transformés. La force lumineuse rayonne à partir de la parole de vie, l’Evangile, qui a été confié à la communauté. Ils ne peuvent rien faire d’autre que de tenir fermement, de témoigner de cette parole, de la confesser de toutes leurs forces, de toute leur vie.

          La foi doit être conquise par l’épreuve. La foi ne vit que par l’orientation vers un but. Il peut arriver que la foi apparaisse facile, par exemple au moment des temps forts de la vie commune, de l’expérience de la  fraternité, notamment dans les premiers temps qui suivent la conversion, lorsque l’enthousiasme est tout neuf. Ces heures sont précieuses, mais elles ne sont pas décisives. Ce qui est décisif, c’est la réalisation de la foi dans la vie quotidienne, dans la persévérance constante, dans la fidélité : les chrétiens sont les « fidèles ».

          L’apôtre, le pasteur, porte la responsabilité de sa communauté. Dans la foi et dans la prière, la communauté est comme une grande maison de Dieu, dans laquelle on rend à Dieu le culte qui lui est dû, dans laquelle on célèbre la liturgie. Cette responsabilité, pour le pasteur, va jusqu’au terme, jusqu’au bout, jusqu’au tribunal de Dieu. Et, à ce moment-là, elle devra être sa gloire.