Sur Luc 19, 1-10
« Zachée se hâta de descendre et le reçut avec joie »
Saint Philoxène de Mabboug
Homélies IV, n° 77-80, SC 44, p. 95s

L’œil de la foi, avec la pupille de la simplicité, reconnaît la voix de Dieu aussitôt qu’il l’entend. La lumière de sa parole se lève en lui, il s’élance joyeusement au-devant d’elle, et il la reçoit, comme dit Notre Seigneur dans son Evangile : Mes brebis entendent ma voix et elle me suive. Car partout où la foi naturelle a été gardée dans son intégrité,, celui qui l’a gardée est une brebis du pasteur.
Tous ceux qui ont été appelés ont obéi sur-le-champ à la voix qui les appelait, lorsque le poids de l’amour des choses terrestres n’était pas suspendu à leur âme. Les Apôtres et avant eux les justes et les pères obéirent comme des vivants, et ils sortirent légers, parce que rien du monde ne les liait de son poids. Rien ne peut lier et entraver l’âme que sent Dieu : elle est ouverte et prête, en sorte que la lumière de la voix divine, chaque fois qu’elle vient, la trouve en état de la recevoir.
Notre Seigneur appela Zachée du sycomore sur lequel il était monté, et aussitôt Zachée se hâta de descendre et le reçut dans sa maison ; il espérait le voir et devenir son disciple avant même d’être appelé. Et c’est là une chose admirable, qu’il ait cru en lui sans que Notre Seigneur lui eut parlé et sans l’avoir vu corporellement, mais seulement sur la parole des autres, car la foi qui était en lui avait été gardée dans sa vie et sa santé naturelles. Il a montré sa foi lorsqu’il crut en notre Seigneur en l’entendant annoncer. Et la simplicité de sa foi est apparue lorsqu’il promit de donner la moitié de ses biens aux pauvres et de restituer au quadruple ce qu’il avait pris frauduleusement. Car si l’esprit de Zachée n’avait pas été rempli à ce moment-là de la simplicité qui convient à la foi, il n’aurait pas fait cette promesse à Jésus, et il n’aurait pas dépensé et distribué en peu de temps ce que son travail avait amassé pendant des années. La simplicité répandait de part et d’autre ce que la ruse avait amassé, et la pureté de l’âme dispersait ce qui avait été acquis par les pensées de l’astuce. La foi renonçait à ce que l’injustice avait trouvé et possédé, et elle proclamait que cela ne lui appartenait pas. Car Dieu est le seul bien de la foi, et elle ne consent pas à posséder d’autres biens avec lui. Tous les biens sont de de peu d’importance pour elle, en dehors de ce seul bien durable qui est Dieu. Elle a été mise en nous pour trouver Dieu et ne posséder que lui, et pour voir que tout ce qui est en dehors de lui est à notre détriment.