Romains 11, 25-36

La fidélité de Dieu

Père François Refoulé

« … et ainsi tout Israël sera sauvé », p. 208s

       Dieu n’est point comme les dires du Fils de l’homme : car le Fils de l’homme parle et se renie. De même ses œuvres ne ressemblent point aux œuvres des enfants de la chair qui cherchent conseil et reviennent sur ceux qu’ils ont décidé : mais le Maître de tous les siècles, Dieu, qui a promis de multiplier ce peuple comme les étoiles du ciel et leur donner en héritage le pays des Cananéens, est-il possible qu’il ait promis et ne fasse point, et ce qu’il a dit, est-il possible qu’il ne l’accomplisse point ? Cette paraphrase du Targum de Jonathan nous parait intéressante par sa référence faite aux promesses faites à Abraham. En effet, quand le thème de la fidélité de Dieu est évoqué, c’est le plus souvent en référence soit aux promesses faites à Abraham, soit à celles faites à David, car, dans l’un et l’autre cas, non seulement ces promesses engagent l’avenir du peuple, mais elles ont été faites avec serment : Dieu a juré. Le Seigneur l’a juré, il ne se repentira pas (Psaume 110,4). Ce motif est sans cesse mentionné, et il est encore repris dans le Benedictus. Le mot irrévocable en Romains 11,29 ferait-il allusion à l’engagement quasi-juridique de Dieu ? La lettre aux Hébreux (6,17-18) insiste sur cet aspect : Dieu voulant bien davantage montrer aux héritiers de la promesse le caractère irrévocable de sa décision, intervint par un serment. Ainsi deux actes irrévocables, dans lesquels il ne peut y avoir de mensonge de la part de Dieu, nous apporte un encouragement puissant. Ces deux actes sont de toute évidence la promesse et le serment. Dieu devient ainsi témoin et garant de sa propre promesse. Pouvons-nous prêter à Paul un raisonnement de ce genre ? Ce n’est pas impossible. Paul aime les images et les comparaisons juridiques et, en Galates (3,15-17), il présente la promesse faite à Abraham comme un testament fait en bonne et due forme. Quoiqu’il en soit, le fondement de l’espérance réside dans la fidélité de Dieu et sur elle seul : Quoi donc, s’écrie l’Apôtre, si certains furent infidèles, leur infidélité va-t-elle annuler la fidélité de Dieu ? Certes non, Dieu doit être reconnu véridique et tout homme menteur (Galates 3,3-4).