2 Corinthiens 2,12 – 3,6

« Béni soit Dieu qui triomphe en nous »

Saint Jean Chrysostome

Homélie 5 sur la seconde lettre de Paul aux Corinthiens, OC 17, p. 373s

 

          Béni soit Dieu qui triomphe en nous, c’est-à-dire qui nous couvre de gloire aux yeux de tous. Ce qu’on juge une honte, la persécution dont nous sommes partout l’objet, c’est à nos yeux la plus belle de nos gloires. Aussi l’apôtre n’a pas dit : Qui nous fait briller, mais bien : Qui triomphe en nous, et cette expression signifie que de telles persécutions sont un éternel trophée érigé dans tout l’univers contre le diable. A ce mot de triomphe, il ajoute ce qui en fait le sujet, relevant encore davantage l’âme de l’auditeur. Ce n’est pas en Dieu seulement qui nous triomphons, c’est aussi dans le Christ, par le Christ et la prédication de son évangile. Puisque le triomphe devait avoir lieu, nous ne pouvions pas manquer de briller aux yeux du monde, nous qui portons le trophée. Ne soyez donc pas étonnés de l’éclat qui nous entoure : Par nous, il répand en tous lieux la bonne odeur de sa connaissance.

          Toujours il triomphe, a-t-il dit, et il ajoute maintenant : en tous lieux. C’est dire qu’il n’est ni temps, ni lieu qui ne soit plein des combats apostoliques. Une autre métaphore, celle d’une bonne odeur, lui sert à rendre sa pensée. Notre présence se révèle à tous comme celle d’un homme qui porte sur lui une agréable odeur. Il compare à ce parfum la connaissance de Dieu, et de là cette expression : La bonne odeur de sa connaissance. Telle est la connaissance que nous pouvons avoir ici-bas, jamais entièrement claire et dégagée. Voilà pourquoi Paul disait dans la précédente lettre : Nous voyons maintenant à travers un miroir et comme en énigme. C’est la bonne odeur dont il parle ici. Quand on en ressent l’impression, on sait qu’un parfum est là, mais nullement quel il est, à moins qu’on ne le connaisse d’avance. Nous savons de même qu’il est Dieu, mais nous ignorons son essence. Apôtres, nous sommes donc un royal encensoir, répandant partout où nous allons un parfum céleste, un encens spirituel.

          Paul parlait de la sorte, soit pour montrer la puissance de la prédication, puisque les persécuteurs devaient surtout contribuer à la gloire des apôtres en faisant connaître à l’univers les trophées de l’apostolat et de la bonne odeur de la doctrine, soit pour les exhorter à subir les tribulations et les épreuves, à tout supporter avec un courage inébranlable, puisqu’une gloire ineffable devait leur être donnée avant même l’éternelle récompense, car nous sommes la bonne odeur du Christ devant Dieu pour ceux qui doivent être sauvés.