Sur Ac, 3,12 – 4,4

« C’est le Seigneur ! »

Lev Gillet
Au cœur de la fournaise, p. 36s

Jésus veut retrouver ses disciples là où il les avait appelés à le suivre pour la première fois : au bord du lac de Tibériade, dans leur activité de pêcheurs. Il veut prendre part à leur travail. Nous avons là un exemple suprême de la collaboration du Seigneur ressuscité avec nous.
Je m’en vais à la pêche, dit Pierre à quelques disciples. Cela signifie : je vais reprendre mon labeur de tous les jours. Après avoir été enlevé à une vie excitante et glorieuse, je vais me consacrer au travail que le Seigneur m’a donné parmi les hommes. Quelle est notre attitude à l’égard de notre vocation ? Tout métier, du balayeur au théologien, s’il est vécu comme un appel divin et un service rendu aux hommes, est une vocation. Le balayeur de rue, s’il a conscience de travailler pour le monde entier, là où le Seigneur l’appelle à sa rencontre, rend service à l’humanité au même titre que le théologien ! Beaucoup de personnes font une distinction radicale entre leur vie spirituelle, quand ils en ont une, et leur vie professionnelle. Or l’idéal, c’est que la vie matérielle soit une expression de la vie spirituelle. Ainsi, l’essentiel n’est pas que les apôtres aillent pêcher pour vendre du poisson et se nourrir ; l’essentiel, c’est que le Seigneur va les rencontrer au cœur même de leur action. Le Seigneur leur indique où trouver du poisson ; les apôtres suivent ses conseils et ramènent dans leurs filets une multitude de poissons.
Et voici, alors : le Seigneur se tient debout près d’un feu. C’est le moment où il va se faire reconnaître par les apôtres ; c’est le moment où Celui qui n’a jamais cessé d’être présent dans leur vie, va se montrer en pleine lumière devant eux. Jean dit à Pierre : Mais c’est le Seigneur ! Peu de mots sont si chargés de sens : « C’est le Seigneur et je ne le savais pas »
Pierre, ému par la parole de Jean, se jette à la mer et rejoint Jésus : reconnaître le Seigneur dans notre travail, c’est, subitement, élargir notre action à des dimensions infinies. Alors, nous ne pouvons plus rester dans la barque, nous devons plonger, comme Pierre, pour aller vers lui.
Jésus se tient, debout, devant un feu. Il se fait reconnaître, non seulement comme le Seigneur, mais comme le serviteur. Car c’est lui qui a allumé le feu, c’est lui qui a commencé à faire cuire le poisson pour les apôtres ; pas ceux des apôtres d’ailleurs, mais ceux de sa propre pêche !
Jésus leur dit : Venez et mangez. Il apparaît donc sous la forme d’un nourricier. Lorsque nous apportons quelque chose au Seigneur, dans la mesure où nous le rejoignons, c’est lui qui devient donateur.