Sur Genèse 27- 1-29
La bénédiction donnée par Isaac
Saint Augustin
Sermon IV sur Jacob et Esaü, chapitre 11-13, 0C 15, p. 623s

Isaac était devenu fort vieux. Or, de qui était-il la figure lorsqu’il voulut bénir son fils aîné ? Il était devenu vieux : la vieillesse a pour compagne l’ancienneté ; donc dans la vieillesse, je vois l’ancienneté, et dans l’ancienneté, je vois l’Ancien Testament. Ceux qui étaient sous la nuée ne comprenaient point cet Ancien Testament ; c’est pour cela que l’Ecriture nous dit que les yeux d’Isaac étaient obscurcis. L’obscurité des yeux du corps dans Isaac signifie l’obscurité répandue sur les esprits des Juifs. La vieillesse d’Isaac signifie la vétusté de l’Ancien Testament.
Que fit Isaac ? Il voulut bénir son fils aîné Esaü. La mère aimait le plus jeune, et le père aimait le plus âgé comme étant son premier né, car il était également juste pour tous les deux, mais il avait plus d’affection pour son fils aîné. Il veut bénir son fils aîné, parce que c’est au premier peuple que s’adressaient les promesses de l’Ancien Testament. Il ne parle de promesse que pour les Juifs, c’est à eux qu’il semble tout promettre, tout offrir. Ils sont tirés de l’Egypte, délivrés de leurs ennemis, conduits à travers la mer, nourris de la manne : ils reçoivent le Testament, la Loi, les promesses et la terre promise. Il n’est donc pas surprenant qu’Isaac ait voulu bénir son fils aîné.
Rebecca donna ce conseil à son plus jeune fils : J’ai entendu ton père dire à Esaü ton frère : Va et apporte-moi de ta chasse, et prépare-moi de quoi manger afin que je te bénisse avant de mourir. Rebecca dit à Jacob d’aller chercher deux chevreaux dans le troupeau voisin afin qu’elle les préparât comme elle savait que son père les aimait, et qu’après qu’il en aurait mangé il bénit son plus jeune fils en l’absence de l’aîné. Jacob alla donc, apporta les deux chevreaux à sa mère, elle les apprêta et il les servit à son père. Comme il l’avait prévu, Isaac ne le reconnaissant point à sa voix, le chercha et sentit qu’il était velu parce que sa mère lui avait mis autour de ses bras la peau de ces chevreaux. Son père crut donc qu’il était l’aîné et le bénit. C’est l’aîné qu’il avait l’intention de bénir, et la bénédiction descendit sur le plus jeune.