Mémoire des saints Tite et Timothee

Sur Genèse 21, 1-21
Les lettres de Paul à Timothée et Tite
Pierre Dornier
La Bible de Jérusalem, Introduction aux lettres de Paul, p. 1488s

Les épitres à Timothée et Tite sont étroitement apparentées entre elles par leur fond, leur forme, et la situation historique qu’elles supposent. Deux d’entre semblent écrites de Macédoine, l’une (la première) à Timothée qui se trouve à Ephèse où Paul espère le rejoindre, l’autre à Tite qu’il a laissé en Crète ; l’Apôtre compte passer l’hiver à Nicopolis, en Epire, où Tite devra le rejoindre. Quand il écrit la seconde à Timothée, Paul est prisonnier à Rome, après être passé à Troas et à Millet. Sa situation est grave, Paul se sent près de sa fin, se trouve seul, et presse Timothée de venir au plus vite.
La première lettre à Timothée, et la lettre à Tite peuvent avoir été écrite vers l’an 65 au cours d’un voyage à travers la Crète, l’Asie Mineure, la Macédoine et la Grèce. La situation que reflète la seconde à Timothée est celle d’une nouvelle captivité, dont l’issue cette fois devait être fatale : cette lettre, qui est comme le testament de Paul, a dû précéder de peu son martyre en 67.
Adressées à deux de ses plus fidèles collaborateurs, ces lettres donnent des directives pour l’organisation et la conduite des communautés chrétiennes que Paul leur a confiées. Elles reflètent un stade d’évolution des communautés parfaitement vraisemblable vers la fin de la vie de Paul. Le titre d’épiscope apparaît encore pratiquement synonyme de celui de presbytre, selon la formule primitive des communautés dirigées par les collèges d’Anciens : nulle trace encore de l’évêque monarchique tel qu’il apparaîtra chez saint Ignace d’Antioche. Pourtant cette évolution se prépare : bien que chargés de plusieurs communautés sans être attachés à aucun en particulier, les délégués de Paul que sont Timothée et Tite représentent cette autorité apostolique qui est en voie de se transmettre pour suppléer à la disparition prochaine des apôtres, et qui bientôt se fixera en chaque communauté dans un chef du collège presbytéral, qui sera l’évêque. Les épiscopes-presbytres ne sont pas que des administrateurs du temporel, mais encore et surtout ont la charge de l’enseignement et du gouvernement : ils sont bien les ancêtres de nos « évêques » et de nos « prêtres ».