Sur Exode 24, 1-18
Alliance et Engagement

Edmond Jacob
Assemblées du Seigneur 32, p. 37s

L’Alliance est un acte cultuel et religieux. Comme tout culte, cette célébration comporte des sacrifices. Les sacrifices avaient un double but : ils étaient une marque de respect et de soumission envers Dieu, et ils devaient créer une étroite communion entre ceux qui, ensemble, étaient appelés à le consommer. Les sacrifices étaient offerts par des jeunes gens des enfants d’Israël ; on peut penser que ces jeunes gens remplaçaient les premiers-nés qui devaient être offerts à Dieu, d’abord réellement, puis par substitution.
Le rite d’aspersion du sang, consécutif au sacrifice, forme le centre du récit. L’absorption du sang était plus fréquente que l’aspersion, mais dans l’une et l’autre forme, il s’agit de rite de communion par la participation au même sang. Le sang, dans le Bible, est le siège de la vie : là où il est répandu, il libère une force de vie qui remédie à une vie perdue, menacée ou coupable. Pardon, guérison, sanctification sont toujours liés au sang. En tant que rétablissement d’une situation compromise et création d’un lien nouveau, supérieur à l’ancien, le sang est indispensable à toute vraie alliance.
Le rite du sacrifice et de l’aspersion est encadré par la parole. Dans la forme actuelle du récit, la parole a un aspect primordial ; elle précède le rite et elle le conclut : Moïse rapporte au peuple les paroles de Dieu, et le peuple s’engage solennellement à y obéir, que cette parole soit proclamée oralement ou écrite dans un livre. Le mot livre employé ici désigne moins un livre au sens où nous l’entendons, qu’une inscription gravée et déposée dans un lieu sacré. Que ces paroles aient été brèves ou longues, qu’elles aient été réduites au Décalogue ou qu’elles aient comporté l’ensemble du livre de l’Alliance (les chapitres 20 à 23), elles avaient une teneur impérative, et exprimaient clairement la volonté de Dieu ; elles étaient assorties de promesses pour ceux qui s’y conformeraient et de menaces pour ceux qui les transgresseraient.
Les douze stèles ne désignaient pas, dans sa forme primitive du récit, les douze tribus, puisque l’Alliance sacrale des tribus n’est devenue une réalité effective qu’à partir de la conclusion du pacte de Sichem. Ces pierres servaient de témoins, elles étaient censées avoir entendu les engagements pris par les parties contractantes.
L’Alliance ainsi relatée ici comporte donc rites et paroles. Ce double aspect lui confère un caractère complet et dynamique. La parole, associée au rite, en donne l’interprétation qui convient à chaque nouvelle génération, et le rite, nous pourrions dire le drame ou le jeu, donne vie à la parole : voilà ce qui fait la spécificité de la liturgie de l’Ancien Testament. La liturgie devient alors un des meilleurs moyens donnés à Israël pour exprimer et réaliser sa vocation de peuple de prêtres et de nation sainte, au bénéfice de tous les peuples de la terre.