Sur Esdras 9, 1-9.15 – 10,5
Dieu nous a fait une grâce en nous laissant un Reste

Père François-Paul Dreyfus
DBS X, colonne 415s

Dans l’Ancien Testament, le vocabulaire du « reste » désigne uniquement le Reste rescapé, c’est-à-dire la fraction du peuple qui échappe à la catastrophe dont est victime l’autre partie : une partie de la population subsiste, le Reste, l’autre disparaît complètement de l’horizon par la mort ou par toute autre cause ; il s’agit d’une survie d’ordre physique. L’enracinement humain de l’idée de « Reste » est inséparable de sa dimension religieuse.
Avec Esdras et Néhémie, le peuple rentre d’exil. C’est exceptionnellement au début du livre de Néhémie, au début du livre d’Esdras, et dans la grande prière de Néhémie que nous venons d’entendre, que le mot « Reste » prend une valeur plus théologique : ceux que Dieu, dans sa miséricorde, a fait échapper au désastre pour restaurer Jérusalem et son Temple.
Si nous voulons caractériser l’apport des textes bibliques post exiliques à la théologie du « Reste », nous pouvons y distinguer deux catégories : les énoncés relatifs au reste actuel et ceux caractérisant le reste futur.
Le Reste actuel : la communauté du Peuple de Dieu est réduite à un reste, à un petit nombre. Ceci est la conséquence du péché du peuple, mais c’est en même temps le fruit de la miséricorde de Dieu qui a laissé des rescapés. Ce reste n’est pas saint, il est pécheur, et, s’il ne se convertit pas, Dieu pourrait bien supprimer même ce reste. Pourtant, Dieu est bien disposé à l’égard de ce reste, mais à condition qu’il pratique la justice, la vérité et la fraternité. S’il est fidèle, ce reste bénéficiera des promesses de l’Alliance et du salut. Ceci nous amène à la deuxième série de textes sur le Reste futur.
Le Reste futur : il est décrit par les prophètes post exiliques dans la perspective de leur attente du Règne de Dieu. Le châtiment de Dieu laissera des rescapés sur le Mont Sion qui retrouveront leurs possessions d’autrefois. Certains prophètes réactualisent cette prophétie en identifiant ces rescapés avec ceux qui invoquent le nom de Dieu ; ailleurs les rescapés seront « mes serviteurs ». Tous ces textes annoncent pour ces rescapés un avenir glorieux.