Sur Sagesse 1, 1-15
Qui reçoit la Sagesse ?
Saint Silouane
Ecrits de Silouane, p. 72s

La Sagesse n’entrera pas dans une âme malfaisante, elle n’habitera pas un corps asservi au péché (1,4).
Adam, père de l’humanité, avait connu le bonheur de l’amour de Dieu au paradis ; c’est pourquoi il souffrait amèrement quand le péché l’eut chassé de l’Eden, et lui fit perdre l’amour et la paix de Dieu. Il remplissait le désert de ses lamentations et la pensée de ce qu’il avait perdu tourmentait son âme : « J’ai offensé mon Seigneur aimé ! »
Adam pleurait amèrement. La terre ne lui donnait plus aucune joie et son cri parcourait le désert : « Mon âme désire le Seigneur et le cherche avec des larmes. Comment ne chercherais-je pas le Seigneur ? Mon âme était heureuse en lui et dans la paix, et l’ennemi n’avait point de part en moi. Maintenant l’esprit de malice a acquis pouvoir sur moi, mon âme est dans l’incertitude et sous ses coups. Mon esprit tend vers Dieu, rien sur la terre ne me réjouit plus, rien ne peut consoler mon âme. »
Adam pleurait donc et dit : « Le désert m’est indifférent ; je n’aime pas les hautes montagnes, ni les près, ni les forêts, ni le chant des oiseaux. Mon âme porte le deuil, j’ai offensé Dieu ! Si Dieu me rappelait au paradis, je pleurerais dans l’affliction parce que j’ai contristé mon Dieu aimé ! »
Chassé du paradis, Adam souffrait, pleurait des larmes de découragement. Ainsi toute âme qui a connu Dieu languit : « Où es-tu, Seigneur, où es-tu ma lumière ? Tu m’as caché ton visage. Qu’est-ce qui t’empêche donc d’habiter mon âme ? »
Prie pour nous qui sommes tes fils, ô Adam ! Notre âme est angoissée et remplie de peines. Toi, tu habites le paradis, tu vois les chérubins et les séraphins et tous les saints. Oui, nous aussi nous bramons après Dieu ! Mais si pauvre est le feu d’amour en nous ! Toi-même, mets en nous ce que nous devons faire pour plaire au Seigneur et atteindre le Royaume des cieux, le ciel où resplendit la lumière de la Sainte Trinité !