Sur Romains 8, 18-39
« Tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu »

Saint Jean Chrysostome
Homélie sur l’épître aux Romains, Homélie XV, OC 16, p. 58s

Ce passage est adressé, ce me semble, à ceux qui sont dans les épreuves ? Ces paroles : les afflictions de la vie présente ne sauraient soutenir la comparaison avec la gloire à venir qui sera révélée, et bien d’autres ont été écrites dans le même but. Paul apprend aux fidèles que leurs véritables intérêts ne sont pas toujours conformes à ce qu’ils imaginent, et qu’il faut en juger d’après les inspirations de l’Esprit. Bien des choses qui nous paraissent utiles nous deviennent souvent extrêmement préjudiciables. Ainsi le repos, l’éloignement des épreuves, une vie de sécurité semblent selon nos intérêts. Nous ne devons même pas être étonnés que les fidèles en jugeassent ainsi, puisque Paul jugeait de la même manière ; mais plus tard, il lui fut enseigné que les persécutions ont souvent une utilité supérieure, et il se soumit à l’enseignement qui lui fut donné. Par trois fois il avait supplié le Seigneur de l’arracher aux périls qui le poursuivaient ; et quand il lui fut répondu : Ma grâce te suffit, car ma force éclate dans la faiblesse, il accueillit désormais avec allégresse la persécution, il envisagea sans pâlir les outrages et les maux les plus affreux. Je suis heureux au milieu des épreuves, des opprobres, des privations, écrit-il aux Corinthiens (2 Co 12,9-10). Voilà donc pour quel motif il disait : Nous ne savons pas ce que nous devons demander dans la prière. En s’exprimant ainsi, il pressait tous les fidèles de s’abandonner à la direction de l’Esprit. D’abord, l’Esprit de Dieu prend un vif intérêt à ce qui nous concerne, et puis cette façon d’agir est agréable à Dieu.
A cette exhortation, l’Apôtre joint une considération bien propre à les remplir de confiance ; elle est contenue dans les paroles que nous citions en commençant : Tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu. Puisqu’il dit Tout, les afflictions y sont comprises avec tout le reste. En vérité, il est facile à Dieu de faire tourner à notre avantage la tribulation, la pauvreté, les cachots, les souffrances, la mort même ! C’est le propre de sa puissance de nous alléger les plus lourds fardeaux, et d’en faire pour nous un point d’appui. Tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu. La seule condition requise, c’est d’aimer Dieu en toute vérité, le reste vient ensuite tout seul. Malgré la croix à laquelle il était attaché, malgré les liens qui l’y retenait, les injures dont il était accablé, les souffrances qu’il ressentait, le larron, bien loin d’être atteint dans son immortelle destinée, y trouva le salut. C’est ainsi que tout contribue au bien de ceux qui aiment Dieu.