Sur 1 Corinthiens 6, 12-20
Notre corps est un temple du Saint-Esprit

Père Michel Coune
La dignité chrétienne du corps, p. 51s

Celui qui s’unit au Seigneur n’est avec lui qu’un seul esprit. Cette réflexion de Paul est prolongée sous forme de question : Ne savez-vous pas que votre corps est un temple du Saint-Esprit qui est en vous et que vous tenez de Dieu ?
La métaphore du temple est chère à saint Paul. Tout au long de ses lettres, nous le voyions développer une théologie de l’Eglise, temple spirituel de Dieu parmi les hommes. Ce verset est le seul où Paul applique la métaphore du temple au corps individuel de chaque chrétien ; habituellement, il emploie plutôt le terme et l’image de vase, skeuos en grec. De son côté, Philon d’Alexandrie, tout imbu de l’esprit grec et philosophique, appliquait l’image du temple aux intelligences, mais Paul va plus loin et ose appliquer cette image au corps, en fonction du dogme de la résurrection.
Il est utile ici de rappeler le passage de la première lettre aux Thessaloniciens où Paul développait déjà une parénèse sur la valeur du corps : Voici quelle est la volonté de Dieu : c’est votre sanctification ; c’est que vous vous absteniez d’impudicité, que chacun de vous sache user du corps qui lui appartient avec sainteté et respect. Car Dieu ne nous a pas appelés à l’impureté, mais à la sanctification. Dès lors, qui rejette cela, ce n’est pas un homme qu’il rejette, c’est Dieu, lui qui vous a fait le don de son Esprit-Saint.
Exhortant les Corinthiens à ce même respect et à cette même sainteté du corps, Paul n’hésite pas à écrire que leur corps est le temple du Saint-Esprit. C’est dans ce temple miniature, mais vivant et spiritualisé par le Christ, animé par l‘Esprit du Christ ressuscité qui destine le corps du croyant à la résurrection, que le chrétien doit assurer le service divin. Glorifiez donc Dieu dans votre corps, sera la conclusion de Paul. Il y a, en effet, une liturgie chrétienne du corps. Gardant l’inviolabilité de ce sanctuaire, le chrétien doit y officier et faire monter vers Dieu louange et action de grâce ; la fornication ne peut être qu’un sacrilège et un outrage au Saint-Esprit.
Ce qui frappe à une lecture attentive de ce passage, c’est de voir comment Paul monte à une grande hauteur de vue pour trancher un problème moral. Loin de s’embarrasser de distinctions subtiles, il dégage une morale remarquable d’élévation, d’ampleur et de pénétration, faisant appel à la dignité humaine, au vrai sens de la liberté chrétienne, recourant aux dogmes de la rédemption et de l’inhabitation du Saint-Esprit, tournant les regards des chrétiens vers l’espérance du monde à venir, et insistant sur leur appartenance totale au Christ. La morale de l’Apôtre est une morale théologique et spécifiquement chrétienne.