Sur 1 Corinthiens 7, 1-24
Mariage ou célibat ?

Saint Bernard
Lettre XLII sur les mœurs et les devoirs des évêques, OC 2, p. 197s

Qu’y a-t-il de plus beau que la chasteté qui fait un être pur d’un être pécheur, un serviteur de Dieu de celui qui était loin de Dieu, un ange même d’un homme ? Avec une différence sans doute de bonheur dans l’un et de vertu dans l’autre ! Car si la chasteté de l’ange est plus heureuse que celle de l’homme, celle de l’homme suppose plus de vertu que la chasteté de l’ange. Il n’y a que la chasteté qui, dans l’étroit espace et les courts moments où s’écoule notre vie mortelle, réalise une image de la glorieuse immortalité. Car il n’y a qu’elle qui, au milieu des mariages, nous fait ressembler à ceux qui habitent la région bienheureuse où l’on ne connaît ni mari, ni femme, et qui donne à la terre un avant-goût de la vie des cieux. Mais en attendant que nous vivions de cette vie, la chasteté suivant le conseil de l’Apôtre, conserve dans la sainteté le vase fragile que nous portons et qui est souvent en danger de se briser. Elle saisit et maintient les sens et les membres pour qu’ils ne se relâchent pas dans l’oisiveté, ne soient ni souillés par leurs désirs, ni pourris par les jouissances de la chair.
Mais quel que soit l’éclat dont brille la chasteté, elle n’aurait sans la charité ni récompense, ni mérite, évidemment, car sans la charité, quel est le bien qui vaut ? La foi ? Pas même si je transporte les montagnes. La science ? Pas même si je parle le langage des anges. Le martyre ? Pas même si je livre mon corps aux flammes. Sans la charité, il n’y a nul bien qui vaille ; mais avec elle, le peu que nous valons est accepté. La chasteté sans la charité, c’est une lampe sans huile ; ôtez la charité, la chasteté n’a plus aucun charme. Mais au contraire, quelle est belle, dit le sage (Sagesse 4,1), la chasteté unie à la charité. A cette charité dont parle l’Apôtre, qui naît d’un cœur pur, d’une bonne conscience, et d’une foi sincère.
Or, la pureté du cœur consiste en deux points, à rechercher la gloire de Dieu et l’utilité du prochain, en sorte qu’un chrétien ne doit se proposer dans tout ce qu’il dit et tout ce qu’il fait, que la gloire de Dieu et le salut du prochain, ou l’un et l’autre à la fois, et jamais son intérêt propre.