Sur Ep 4, 1-24
L’unité dans la variété
Père Janez Vodopivec
Saints Cyrille et Méthode, patrons de l’Europe, p. 176s

L’idéal de la communion ne peut se réaliser que progressivement, pas à pas, par un effort constant et un travail continu, sans jamais se décourager devant les échecs temporaires contre lesquels il faut toujours réagir. L’histoire des peuples est là pour nous l’enseigner, l’histoire de l’Eglise aussi. C’est ce qui s’est passé pour Cyrille et Méthode.
Le charisme particulier des deux frères Cyrille et Méthode s’intègre spécifiquement dans le processus de construction réciproque de l’unité et de la catholicité. Il s’agit du charisme de la rencontre vivante et surtout créatrice entre deux traditions différentes, l’orientale et l’occidentale, pour en faire surgir une troisième, celle de la nouvelle Eglise particulière des populations slaves, avec la base solide de la liturgie célébrée et enseignée dans la langue parlée du peuple.
Cyrille avait compris en profondeur ce que le peuple de la nouvelle Eglise locale appelait de ses vœux. Il a enrichi l’Eglise une et universelle en lui donnant de nouvelles formes de cultures, dans la partie centrale et orientale du continent européen.
L’origine de cette intuition des deux frères est avant tout religieuse. Elle touche à la communion, à Dieu, dans le Christ, de tous les croyants, dans une symbiose féconde entre tous les membres de l’Eglise qui, par le moyen de la foi unique et des sacrements, partagent dans l’Esprit la vie divine elle-même, dans sa réalité trinitaire. Mais un autre fruit de cette intuition et de la mission a été la créativité culturelle d’importance fondamentale pour la civilisation médiévale et contemporaine, avec des résultats concrets d’une valeur exceptionnelle. Ils ont créé non seulement les bases d’une nouvelle langue littéraire, mais aussi celles de toute une famille de langues civilisatrices. Sur le fond de leurs racines chrétiennes et grâce à leur créativité évangélisatrice, elles ont transformé en premier lieu la géographie culturelle de l’Europe et ensuite, dans leurs conséquences ultérieures, la physionomie de la culture mondiale.
La célèbre prière pour l’unité dite par Cyrille mourant, Que tous soient un…, a comme fin l’unité de l’Eglise, troupeau du Christ, mais aussi l’unité universelle de toute la famille humaine appelée à devenir la famille